Si vis pacem, para bellum


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La génération qui arrive au pouvoir ne s’intéresse pas aux questions de défense et de sécurité. Pourtant, elle n’échappera sans doute pas à la guerre. L’opinion publique le pressent. Le terrorisme islamiste, les richesses occidentales convoitées, le différentiel démographique, sont autant de menaces à plus ou moins longue échéance pour nos intérêts vitaux. C’est nouveau ; avant le 11 septembre, proférer de telles énormités étaient la spécialité des Cassandre, des prophètes de malheur. Au lendemain de la chute du communisme, les Français, mais aussi la majorité des Européens, étaient convaincus que toute menace avait disparu pour toujours du théâtre européen. Une sorte de pacifisme généralisé s’était installée au bénéfice du commerce, de la consommation, des loisirs. L’Europe était en train de devenir une grande Suisse. Pour la plupart des individus, il n’y avait plus que le présent qui comptait. Ils s’étaient petit à petit convaincus que la guerre ne les concernait plus puisqu’ils n’avaient plus d’ennemis et que l’Europe n’était plus un enjeu comme au temps où ceux qui tenaient l’Europe, tenaient le monde. L’Europe a donc baissé la garde.
Après le 11 septembre, le monde a changé. Les Etats-Unis, devenus la seule hyper-puissance, ont été touchés comme ils ne l’avaient jamais été. Plus la mondialisation de l’information, des échanges, (biens et services) progresse, plus les protestations identitaires, nationalistes et religieuses augmentent. Si le terrorisme islamiste n’est pas parvenu à déstabiliser le monde occidental, il a cependant réussi à créer une psychose, des incertitudes, des menaces. Les dépenses militaires dans le monde, notamment aux USA, en Asie, en Extrême-Orient, ont augmenté considérablement. Elles sont estimées à 1000 milliards de dollars par an. L’Europe de la défense est un projet mais ce n’est pas encore une réalité. De nombreux pays membres de l’Union européenne ne veulent pas que l’Europe soit une puissance et encore moins une puissance militaire. Ils considèrent que les Etats-Unis assurent leur sécurité et que c’est bien comme çà. Ils ont tort d‘entretenir cette illusion et de se rassurer à bon compte. Ils sous-estiment l’évolution stratégique de la Chine et l’inévitable implication de l’Europe dans le processus de stabilisation du Proche orient. Si les Européens veulent conserver leur mode de vie, ils doivent prendre un certain nombre de dispositions pour se protéger et sortir de ce mélange de catastrophisme et d’excès de confiance qui les caractérise. En France, le consensus sur la défense intérieure et extérieure, dont nous sommes si fiers, est peu à peu devenu une illusion. A gauche comme à droite, on évite le sujet alors que la doctrine a profondément changé. La participation à des opérations extérieures, la lutte contre le terrorisme, la défense de l’Europe, ont remplacé la doctrine d’indépendance de la France que le général de Gaulle avait fait accepter par le pays. La vérité aujourd’hui, c’est que l’Europe n’est pas capable de protéger ses intérêts vitaux. Faute de débat démocratique, cette absence de doctrine claire et précise pourrait avoir de graves conséquences. Une nouvelle fois dans l’Histoire, le risque est de se réveiller trop tard.
J’aborde ce grave sujet au moment où Anna Marly vient de nous quitter à l’âge de 88 ans. Elle était moins connue que Joseph Kessel et Maurice Druon. Pourtant c’est cette chanteuse d’origine russe qui avait composé en 1942 la musique du « Chant des partisans ». Le général de Gaulle avait écrit « qu’elle fit de son talent une arme pour la France ». Transmis de bouche à oreille, sifflé en indicatif chaque jour à la BBC, le « Chant des partisans » devint l’hymne de la résistance avant de devenir le deuxième hymne de la France. Pour que, dans un monde dangereux, la mémoire serve à quelque chose, rendons-lui hommage en faisant en sorte que ces paroles et sa musique demeurent inoubliables.

Ami entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?

Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne ?

Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme.

Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.

Montez de la mine, descendez des collines, camarades !

Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.

Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !

Ohé, saboteur, attention à ton fardeau: dynamite…

C’est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.

La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.

Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves.

Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève…

Ici chacun sait ce qu’il veut, ce qu’il fait quand il passe.

Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place.

Demain du sang noir sèchera au grand soleil sur les routes.

Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute…

Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu’on enchaîne ?

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?


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