La crise, la plus grave – dit-on – depuis celle de 1929, est déconcertante. Elle ne ressemble à aucune autre. Sur la vie quotidienne de nombreux de nos concitoyens, elle est virtuelle. Elle ne les concerne pas directement. Ils en entendent parler, en observent l’évolution dans les médias, mais ne la ressentent qu’au contact de ceux qui perdent leur emploi. Pourtant, l’opinion des ménages français sur la situation économique s’est à nouveau dégradé en avril, pour le troisième mois consécutif. Pourquoi ? Que cache cette crise ?
Essentiellement, et c’est en cela qu’elle entre dans une deuxième phase, un désordre du monde préoccupant. Les nouvelles règles du jeu du capitalisme, promises au plus fort de la première phase, tardent à voir le jour, c’est le moins qu’on puisse dire ! Les marchés, mais il fallait s’y attendre, se révèlent incapables de s’autoréguler. Le capitalisme arrive pourtant aux limites de l’explosion. La pression sur les salaires, avec les conséquences sur la consommation et donc la croissance, détruit lentement des pans entiers de l’économie et creuse les inégalités. Jusqu’où ? Face à cette situation, les Etats ne peuvent endiguer le chômage, sont confrontés à des problèmes économiques, sociaux et monétaires qui les dépassent et sont contraints de s’endetter au-delà du raisonnable. Jusqu’à quand ?
Dans la phase III, le monde pourrait être différent de celui que nous connaissons. La crise aurait modifié les équilibres de puissance, changer la valeur des monnaies et ébranler l’ordre du monde existant. La crise, alors, ne serait plus virtuelle, mais bien réelle. C’est peut-être ce qu’inconsciemment les Français ressentent quand ils sont interrogés.
En peu de temps, les Etats-Unis ne semblent plus aussi puissants, l’islamisme radical défie les démocraties, la Chine écrase tout sur son passage, de nouveaux pays émergent avec des taux de croissance impressionnants et l’Europe se délite. Il y a de quoi perturber les esprits les moins conservateurs !
La crise n’en est encore qu’à sa deuxième phase.
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