La cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques est, tous les quatre ans, un exceptionnel moment de fraternité des peuples. Les sportifs de haut niveau, pour la plupart, sont prêts à tous les sacrifices, notamment financiers, pour participer à cet événement planétaire. C’est même le meilleur moment des Jeux. Tous les espoirs sont encore permis !
En 1992, j’ai eu la chance d’être invité à assister à la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Barcelone. C’était le 24 juillet. J’en ai conservé un souvenir inoubliable.
Dès mon arrivée à l’aéroport de Barcelone, que je ne reconnus pas tant il avait changé, l’ambiance des Jeux était inénarrable. Des athlètes en grand nombre, en uniformes, chargés de valises, se croisaient, heureux de participer à cet événement. Après le passage de la douane, des centaines de bras levés, brandissaient des pancartes sur lesquelles était indiqué le nom de l’organisme chargé d’accueillir les arrivants. Je n’avais jamais vu autant de monde dans un aéroport, même à Palma, au mois d’août.
J’étais arrivé la veille de la cérémonie, pour pouvoir visiter la ville et la Colline de Monjuic, qui monte au-delà de la Place d’Espagne. C’est sur ce site, de toute beauté, que la plupart des compétitions devaient se dérouler. Accablé par la chaleur, j’avais passé l’après-midi dans le village, le Pueblo, qui, en 1929, était le pavillon de l’Espagne lors de l’Exposition universelle. Les athlètes y tuaient le temps en attendant l’heure de la cérémonie. Ils achetaient des pin’s, des souvenirs, écrivaient des cartes postales dans ce décor pittoresque, propre et animé.
Au fil des heures, la tension montait. Les habitants de Barcelone grimpaient par milliers la colline de Montjuic, entraînant, dans une marée humaine, les soixante-cinq mille invités et privilégiés, qui avaient un billet d’entrée. Je me souviens que la place coûtait la bagatelle de 2 700 francs. Vers 19 heures, j’avais pris, à mon tour, le chemin du stade, au milieu de cette foule colorée et joyeuse, impatiente d’assister à l’événement. L’organisation, les files d’attente aux guichets, la sécurité, étaient remarquables
Dans le stade, déjà à moitié rempli, j’étais bien placé, avec, cependant, le soleil dans les yeux jusqu’à 21 heures ! J’ai le souvenir d’avoir aperçu, non loin de moi, Philippe Villin, le directeur général du Figaro. Il était seul, me vit et me fit un petit signe de la main. Nous avions assisté ensemble, quelques années avant, à la chute du mur de Berlin, un autre souvenir inoubliable. C’est un homme qui a la passion de l’événement. Moi aussi !
À la jumelle, je cherchai, dans la tribune officielle, des visages connus. J’observai ainsi l’arrivée de François Mitterrand, de Jacques Delors, de Fidel Castro. À vingt heures, il ne restait que deux places vides, celles du Roi d’Espagne et de la Reine. La cérémonie d’ouverture des Jeux ne tarderait pas à commencer.
La suite fut émouvante, surprenante, symbolique et difficile à raconter. Sous chaque siège, il y avait un kit dans lequel il y avait tout ce que les spectateurs devaient utiliser pendant la cérémonie : un masque, un éventail jaune et une bougie chimique qui, en la cassant au moment convenu, dégagea une lumière bleue du plus bel effet.
Un archer donna l’illusion, au monde entier, d’allumer la vasque avec sa flèche. Ce n’était qu’un symbole. La réalité ne nous échappa pas. Pour le reste, si l’impression d’ensemble fut inoubliable et grandiose, il fut impossible de tout voir, tant il se passait sans arrêt quelque chose et partout.
À vingt-trois heures quinze, la cérémonie prit fin. Une nouvelle marée humaine dévala la colline. Des cascades illuminées animaient la route qui serpentait. Toute la population de Barcelone semblait être dans les rues. Il me fallut près de trois heures pour regagner mon hôtel qui était loin du centre. Tous les hôtels étaient complets à cent kilomètres à la ronde.
Le lendemain, avant d’aller retrouver mon ami Joël Bouzou, qui participait aux épreuves de pentathlon moderne au Palais de la Métallurgie, j’étais allé assister à des compétitions de volley-ball passionnantes et passionnées qui opposaient des Néerlandais, des Japonais, des Américains et des Cubains. Ce n’est pas le Joël détendu que j’aperçus, il avait la tête des mauvais jours, il était nerveux, ne parvenait visiblement pas à gérer convenablement son stress. Il s’habillait, se déshabillait, buvait, marchait, les traits tirés, les joues creusées par l’angoisse et la dure préparation des semaines précédentes.
Quand il m’aperçut, il me fit un petit signe et esquissa un sourire. Il semblait heureux de me voir mais triste de ne pas pouvoir offrir un meilleur spectacle. L’épreuve d’escrime ne se passait pas bien. Entre deux assauts, l’ancien champion du monde de la spécialité vint me dire quelques mots, m’expliqua sa déception. C’est un sport extrêmement exigeant, les concurrents passèrent douze heures au Palais de la Métallurgie, un espace triste d’où ils sortirent épuisés. Vers 17 heures, j’ai le souvenir d’être allé voir évoluer les gymnastes féminines au Palais San Jordi. C’était un spectacle magnifique. Le lieu, qui ressemble au Palais omnisports de Bercy, se prêtait parfaitement à cette compétition. Le lendemain, j’avais pris l’avion du retour. En chambre d’embarquement, je retrouvai Alain Danet, le président du Racing Club de France, membre du Comité national olympique du sport français, le CNOSF. Il me confia que c’était sa dixième participation aux Jeux olympiques.
Après-demain, c’est avec beaucoup de plaisir que je regarderai à la télévision la cérémonie d’ouverture des jeux Olympiques de Paris 2024, qui s’annoncent grandioses, malgré les menaces qui pèsent sur la cérémonie et un contexte de politique intérieure aussi exceptionnel que l’événement sportif.
Vivement vendredi !
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