Mother !


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Quelques mots encore sur le programme du Festival du film américain de Deauville qui vient de s’achever.

Porté sans doute par l’accueil réservé au film, présenté à la Mostra de Venise mardi dernier, et par les critiques sur les réseaux sociaux, Mother !, qui sortira en France le 12 septembre, était très attendu. Malgré les avertissements, aucun invité ne voulait manquer cette Première.

Les cauchemars sont craints, redoutés. Ce film est un thriller nouveau, inédit, un cauchemar dans toute son horreur. Le spectateur, au début du film, se réveille avec la très belle Jennifer Lawrence qui sort de son lit dans une grande maison, assez lugubre, en cours de rénovation, au milieu de nulle part, où elle vit avec un mari, écrivain, plus âgé qu’elle.

Avec l’entrée d’un couple inconnu d’elle, au comportement bizarre et désinvolte (Ed Harris-Michelle Pfeiffer), des événements étranges, violents, parfois grotesques, vont s’enchaîner et accentuer progressivement le mystère, la peur, la terreur, l’horreur. « Mieux vaut en savoir le moins possible avant d’entrer dans la salle » ai-je lu sur les réseaux sociaux. C’est assez bien vu. De même que l’avertissement suivant : « Le film vous procure à peu près la même sensation que si vous mettiez par mégarde les doigts dans une prise de courant. »

Dans une atmosphère inquiétante, troublante, un couple, Lawrence et Bardem vivent dans une maison gigantesque qui a dû être reconstruite après un incendie terrible. Lawrence la rénove et la décore avec amour. C’est sa passion, une passion de jeune femme soumise qui veille sur un mari âgé, poète célèbre, populaire, mais qui peine maintenant à trouver l’inspiration.

Leur vie apparemment rangée est brusquement dérangée par l’apparition, une nuit, d’un visiteur (Ed Harris) qui prétend être un chirurgien orthopédique à l’hôpital local convaincu que la maison était un B & B. Laurence est surprise de voir son écrivain de mari accueillir les bras ouverts un de ses admirateurs. Bardem invite l’inconnu à boire du whisky plus que de raison. C’est alors que l’épouse de l’homme apparaît. C’est Michelle Pfeiffer, une Michelle Pfeiffer que l’on ne connaissait pas dans un rôle de cette nature. Ses réflexions, ses questions, son comportement mettent Laurence profondément mal à l’aise. C’est normal, c’est un cauchemar, mais le spectateur ne le sait pas encore !

Je ne dois pas raconter la suite, mais les relations entre Jennifer Lawrence et Javier Bardem ne peuvent que se détériorer gravement avec l’arrivée en grand nombre d’inconnus, admirateurs de son mari, plus inquiétants, non conformistes et violents les uns que les autres.

La maison est agitée de tremblements étranges, inexplicables qui ressemblent à des battements de cœur, le sous-sol de la maison est angoissant, des gouttes de sang apparaissent sur le parquet, des murs. Le spectateur plonge progressivement en enfer avec Jennifer Lawrence. Ce n’est plus la maison du bonheur, Bardem est un monstre qui se nourrit de l’admiration des autres. Le spectateur pense évidemment à Mia Farrow dans Rosemary’s baby de Roman Polanski.

Pour dire vrai, je n’aime pas beaucoup ce genre de film. Quand j’ai vu qu’une bonne quinzaine de personnes quittaient la salle, je me suis posé la question. Je suis resté, j’ai eu raison.

Quand, au paroxysme de l’horreur, de l’insoutenable, la salle a explosé de rire, je me suis détendu.

J’ai lu sur internet, ensuite, que dans ce film « tout ce qui est illogique devient logique, jusqu’à l’absurde et à la surenchère. Puis, progressivement, on quitte ce délire paranoïaque (bien vendu dans la bande-annonce) pour dériver vers un autre film mystère (absent de la bande-annonce), mixant terreur pure, mysticisme assumé et grotesque halluciné. » C’est assez bien résumé.

Est-ce que Mother !, le cinéaste américain Darren Aronofsky et Jennifer Lawrence méritent des Oscars. Je ne sais pas, je ne suis pas compétent.

Aux États-Unis, le site The Hollywood Reporter parle d’un « conte horrifique intime qui attire notre attention et qui vous retourne l’esprit avec des intrigues parfois un peu tirées par les cheveux ». Un journaliste d’Indiewire dit, lui, que c’est un « film intense avec un degré de folie qui augmente sans cesse. Une allégorie religieuse, une maison hantée, un voyage psychologique si extrême que le public devrait être averti […] ». Les âmes sensibles devraient-elles s’abstenir ?

The Guardian, parle du « film incroyablement scandaleux de Darren Aronofsky qui ne laisse aucune gueule. C’est une détonation de film d’événement, une horreur fantasmagorique et un cauchemar noir-comique qui confie l’aiguille de narcose directement dans votre abdomen. Mère ! augmente l’anxiété et augmente l’avant de la consternation avec chaque scène, chaque acte, chaque trimestre, nous emmenant en peu de temps de WTF à WTAF à SWTAF et au-delà. »

J’ai lu aussi que Mother ! est l’une des plus belles allégories cinématographique que j’ai pu voir jusqu’à présent. Le genre de film dont on se souvient, un peu trop même.

D’un côté, on ne peut que saluer le courage sidérant, ou irresponsable c’est au choix, de voir un tel film sortir dans un système hollywoodien, qui plus est avec un casting aussi prestigieux.

Malheureusement, le tout a aussi des aires de grand pétage de plomb collectif, dont l’absence totale de retenue ferait presque passer l’ensemble pour une séance de psychanalyse arrivant trop tard, dans une œuvre dont les clés de lecture sont tout de même rapidement évidentes.
Aronofsky tire sur la corde comme un maniaque pour être bien sûr de prouver au monde combien il est fou, et semble presque s’y complaire comme un sale gosse satisfait de ses conneries même quand celles-ci ne sont plus drôles. Certains marcheront, beaucoup risquent d’être vite gonflés devant cette œuvre assommante qui tourne quelque peu à vide dans sa démarche autodestructrice, où la quête du choc pour le choc telle une démonstration de force prend le pas sur la pertinence du propos. »

Darren Aronofksy et Jennifer Lawrence seront à Paris pour présenter Mother !,

C’est au spectateur de juger, si le cœur lui en dit….

 


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