Le 7 octobre – Un an après


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« Comment le gouvernement ose-t-il organiser des cérémonies commémoratives du 7 octobre ? C’est de la provocation ! C’est une récupération politique indécente ! » Les mouvements constitués par des survivants et des membres des communautés les plus touchées, sont révoltés. Victimes de l’échec du gouvernement, abandonnés par le pouvoir en place, ils sont des milliers de rescapés des villes et des kibboutz du sud d’Israël, des dizaines de milliers de personnes évacuées du nord du pays qui n’ont toujours pas retrouvé leurs maisons. La fracture est profonde entre une partie importante de la société israélienne, de l’ordre de 45 %, selon un sondage commandé par le quotidien Maariv, et le gouvernement.

Sur les 1 195 victimes de l’épouvantable attaque terroriste perpétrée par le Hamas, le 7 octobre 2023, 364 étaient des participants du festival Tribe of Nova. Les rescapés forment une communauté soudée qui multiplie les initiatives. Le magazine du journal Le Monde vient de publier un reportage très émouvant sur les rassemblements hebdomadaires qu’ils organisent pour les proches des disparus et les trois mille six cents rescapés, dont plusieurs ex-otages du Hamas libérés ces derniers mois, qui composent la grande famille des survivants du festival Tribe of Nova : « We’ll get through it together » « Nous traverserons ça ensemble »). À l’endroit où se tenait le festival Tribe of Nova, au kibboutz de Réïm, des dizaines de personnes viennent se recueillir chaque jour. Ils luttent pour s’en sortir, ne pas sombrer et ne pas être « oubliés ».

Ce qui s’est passé le 7 octobre 2023 était d’une sauvagerie inimaginable. Le degré de violence atteint ne pouvait avoir comme raison que la volonté, de la part du Hamas, de provoquer des représailles massives d’Israël, dont la brutalité devait à son tour rendre impossible toute paix entre l’État hébreu et les Palestiniens. Si telle était le but recherché, un an après le massacre, il a été atteint !

Il est apparu très vite que les commandos du Hamas agissaient dans le but d’infliger à la population israélienne une profonde humiliation avec des pratiques d’une rare barbarie. Certaines exactions commises dans les kibboutz de Be’eri et de Kfar Aza sont allées bien au-delà de la violence habituellement exercée par les groupes terroristes. Elles n’exprimaient pas seulement la haine que porte le Hamas à l’État d’Israël et aux Israéliens, mais relevaient d’une planification soigneusement mise au point par Mohammed Deif et Yahya Sinouar, les chefs militaires du Hamas, qui ont probablement agi pour leur compte et non sur ordre des chefs politiques et de l’Iran. Ils avaient mis au point un piège dans lequel est tombé immédiatement le Premier ministre israélien. La vengeance, inévitable et promise, ne pouvant que se traduire par des victimes civiles en grand nombre et des destructions considérables dans la bande de Gaza et en Cisjordanie.

Sans stratégie politique autre que sa propre survie, Benyamin Netanyahou s’est lancé dans une chasse aux responsables de ce carnage. La branche militaire du Hamas vaincue, La bande de Gaza vitrifiée, les chefs du Hamas éliminés, Ismaël Haniyeh, le chef politique, éliminé, l’armée israélienne s’en est prise au Hezbollah qui bombarde chaque jour le nord d’Israël. Sous le nom de code « Ordre nouveau », qui en dit long sur ses intentions, le 27 septembre, une opération remarquablement planifiée, a permis d’éliminer le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ainsi que la quasi-totalité de son état-major.

S’il n’a aucune solution politique à ce conflit, le Premier ministre israélien a un but, que les néoconservateurs américains soutiennent : Remodeler le Proche-Orient à sa convenance ! Le nom de l’opération : « Ordre nouveau », est clair ! « Changer l’équilibre des forces dans la région pour des années », « mettre hors d’état de nuire « l’axe de la résistance », les intentions de Benyamin Netanyahou sont claires. Le Premier ministre, grisé par ses succès, poursuivra-t-il son plan jusqu’à affaiblir l’Iran, qui a lancé à deux reprises des centaines de missiles sur Israël, à s’en prendre au régime des mollahs, principal problème dans la région, retarder leur programme nucléaire militaire ? C’est toute la question, un an après le 7 octobre 2023. Les dirigeants de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de Bahreïn ou de l’Égypte, ménagent leurs populations, se taisent, mais n’en pensent pas moins. Un affaiblissement de l’Iran et de ses proxys, ne leur déplairait pas.

Les moyens militaires employés comportent, pour Israël, le risque de se voir accuser de génocide par les trois quarts de l’humanité. Elie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, met en garde : « Israël gagne des batailles, mais est en train de perdre la guerre ». C’est possible mais ce n’est pas certain. Cette thèse humaniste et pacifique est critiquée par ceux qui pensent que ce que fait l’armée israélienne est nécessaire si l’on veut que cette région retrouve la paix et la stabilité. Attention, toutefois à l’« hubris », mauvaise conseillère ! Les Américains, après le 11 septembre, ont connu cette irrésistible tentation. Joe Biden n’a pas manqué de le rappeler.

A man checks a damaged building at the site of an Israeli airstrike in Choueifat, south east of Beirut, Saturday, Sept. 28, 2024. (AP Photo/Hussein Malla)

Le guide suprême iranien affirme qu’Israël « n’en a plus pour longtemps ». « Un discours de haine qui lui rappelle ceux des nazis », confie Boris Cyrulnik, leneuropsychiatre, au journal Le Point. Les Israéliens ont peur. Ils craignent pour leur existence. Ils sont d’ailleurs divisés et fatigués après dix années d’erreurs et d’aveuglement. Le mois qui nous sépare de l’élection américaine est le mois de tous les dangers. Jusqu’où va s’étendre le conflit ? Jusqu’où peut conduire l’engrenage de violences auquel nous assistons ? Combien de temps le bouclier antimissiles protégera-t-il Israël ?

La sidération, le 7 octobre 2023, au fur et à mesure que les informations nous parvenaient, a été telle que, dans les jours qui ont suivi, j’ai décidé de raconter cette étrange journée, cette journée particulière, et de mettre les réflexions qu’elle m’inspirait, dans un roman : « Le 7 octobre » que Les Éditions Maïa ont édité : https://www.editions-maia.com/…/le-7-octobre-desmoulin…/

Ce qui se passe depuis un an, était écrit et, malheureusement, assez prévisible !

Israël a fait le choix de réduire le terrorisme, dont souffrent les populations, et de « nettoyer » son proche environnement, aux mains d’hommes dangereux qui sèment la terreur. Tsahal met en œuvre un plan conçu de longue date, comme le prouve l’opération des bipers et des talkies-walkies et l’infiltration des services israéliens dans les cercles de pouvoir en Iran et dans l’organisation de ses proxys. Les actes d’extermination accomplis par le Hamas, le 7 octobre 2023, ont précipité la mise en œuvre du plan. Après le temps de la sidération, le massacre du 7 octobre a justifié le droit d’Israël de se défendre. C’est ce qu’il fait ! Sourd aux mises en garde, aux conseils, aux menaces, Benyamin Netanyahou a mis son plan à exécution et le développe en profitant de la fenêtre d’opportunité que lui offre le contexte international. Le plan est en cours. L’heure n’est pas à la négociation, à la paix. L’heure est encore aux armes, à la destruction, aux pertes humaines, au rapport de force, au chaos. La perspective de voir le Liban connaître le même sort que la bande de Gaza inquiète la communauté internationale, qui réclame un cessez-le-feu.

Telle est la situation, un an après le 7 octobre 2023.


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