« C’est normal qu’on critique le Monde et nous devons le prendre comme un compliment… » Alors allons-y puisque Edwy Plenel nous y invitait le 4 octobre 2002. Jean Marie Colombani , le PDG du Groupe Le Monde, vient une nouvelle fois de « refaire » le journal. Les lecteurs assidus étaient impatients, comme moi, de voir quels enseignements avaient été tirés après la parution du livre de Pierre Péan : « La face cachée du Monde ». La déception et à la mesure de l’espérance. Décidément, JMC a définitivement « défait » le journal. Un proverbe arabe prétend que « le loup perd son poil, pas son vice ». Cet adage vient de se vérifier et les nostalgiques des papiers du fondateur du journal – Hubert Beuve-Méry – en ont eu la preuve trois jours après la parution de la nouvelle formule. De quoi s’agit-il : Sous le titre « Fébrilité », JMC s’en prend violemment au Premier ministre dans une période difficile où le minimum de sens de la responsabilité impose de tourner plusieurs fois sa plume avant d’écrire. « Exhumer, dit-il, « une loi de 1955, c’est envoyer aux jeunes des banlieues un message d’une sidérante brutalité ; à cinquante ans de distance, la France entend les traiter comme leurs grands-parents. Le premier ministre devrait se rappeler que cet engrenage d’incompréhension, de fébrilité martiale et d’impuissance avait alors conduit la République aux pires déboires. » Au moment où les téléspectateurs peuvent voir « Nuit noire : 17 octobre 1961 » de sinistre mémoire, instiller sournoisement l’idée que le Préfet de police de Paris pourrait être tenté de se laisser aller aux pratiques de l’abominable Papon ; non, monsieur Colombani, ce n’est pas bien. Un contre pouvoir, oui, certainement, mais pas comme çà ; pas avec ce cynisme.
Ce coup de pied de l’âne a immédiatement horrifié tous ceux qui sont aux affaires et qui doivent faire face à la situation avec un sens élevé de la responsabilité et de l’intérêt général. Donc, dans le Monde du 9 novembre, JMC n’hésite sans doute pas un instant et publie son billet. Malheureusement pour lui, quelques jours plus tard, dans l’émission « Ripostes » sur France 5, cette thèse est reprise avec passion par Tarik Ramadan et les représentants de divers mouvements qui revendiquent une meilleure intégration de ceux qui sont originaires du pourtour méditerranéen pour ne pas employer de mots qui fâchent et qui ciblent trop les responsables des émeutes. Face à eux, des soixante- huitard de gauche, et non des moindres – Jacques Julliard et Alain Finkelkraut – avaient le plus grand mal à « remettre l’église et l’école républicaine au milieu du village ». JMC devrait lire attentivement les paroles de certaines chansons « rap » qui insultent la République française, se souvenir de la Marseillaise sifflée au Stade de France, de la place faite en France aux artistes originaires de ces pays méditerranéens, au cinéma et à la télévision, pour nuancer ses billets et montrer à quel point la France est un pays de liberté qui doit être protégée par l’Etat.
Non, décidément, la fébrilité est à la direction du Monde !
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