Invité par la Fédération Française de tennis, j’ai assisté hier après-midi à la finale de la vingt et unième édition du BNP Paribas Masters. Ce tournoi ATP Masters series a vingt ans. Les plus grands joueurs l’ont gagné, plusieurs fois pour certains : Boris Becker, Pete Sampras, Marat Safin, André Agassi. Guy Forget et Sébastien Grosjean ont été les seuls Français à pouvoir l’emporter en 1991 et en 2001. Malheureusement, à quelques jours de la finale des Masters, qui se jouera cette année à Shanghai, les meilleurs joueurs du monde, déjà qualifiés et épuisés par une année exténuante, n’étaient pas là. La finale, déséquilibrée, entre le Russe Nikolay Davydenko, cinquième joueur mondial et le Slovaque Dominik Hrbaty, n’a pas été passionnante et vite expédiée.
Assis très près du court, au premier rang, derrière la chaise du Russe, j’ai surtout été intéressé par la personnalité et le comportement de ce joueur qui n’avait encore jamais gagné un tournoi en Masters series. Son physique d’ascète, qui n’exprime aucune émotion, fait de lui un joueur à part qui a l’air de sortir d’un livre de John Le Carré. Il a une musculature, très fine, de coureur cycliste. Quand il sert, régulièrement à plus de 200 km/h, on se demande d’où peut sortir une telle puissance. De sa technique évidemment, qui atteint souvent la perfection. Infatigable, il jouait son 31ème tournoi de l’année, sans compter les matches de coupe Davis avec la Russie, toujours qualifiée. Après avoir gagné, sans véritable opposition, les deux premiers sets, 6 –1 et 6 –2, j’ai surpris, au début du troisième set, une légère contrariété sur son visage après un manque de concentration qui venait de lui faire perdre un point. Très exigeant avec lui-même, il s’en voulait visiblement. La victoire, sans doute tant espérée, a libéré ce joueur qui est brusquement devenu souriant, volubile, intarissable au micro lors de la remise du trophée.
Pour aimer le sport, il faut comprendre les sportifs.
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