Quelle politique du logement ?


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Les jours, les semaines, les mois, passent ; le gouvernement est aux affaires depuis un an. Un premier bilan s’impose. Faute d’avoir suffisamment préparé leur retour au pouvoir, les socialistes donnent le sentiment de ne pas avoir les idées très claires sur un certain nombre de sujets. C’est particulièrement visible dans le domaine du logement où les premières décisions (encadrement des loyers, relèvement du seuil minimal de 25 % de logements sociaux, mise à disposition de terrains qui appartiennent à la puissance publique), pas plus que les discours de fin de congrès, ne constituent une politique et n’apportent de solutions rapides et concrètes à « une situation jugée extrêmement préoccupante » par la Fondation Abbé-Pierre dans son dernier rapport annuel, publié le 1er février.

La Fondation fait le constat que plus de 3,6 millions de personnes sont mal logées ou sans abri, que plus d’un million de personnes sont en attente d’un logement social et que plus de dix millions sont concernées par la crise du logement en France. Reçus par le chef de l’Etat récemment, les dirigeants de la Fondation ont décrit une situation « d’une brutalité inédite ». Dans le même temps, le nombre de logements mis en chantier est tombé en dessous de 300 000 et, au cours des douze derniers mois, 298 272 logements ont été lancés, un chiffre en baisse de 21,6% par rapport aux douze mois précédents. On voit mal comment l’objectif du gouvernement de construire 500 000 logements par an, dont 150 000 sociaux pourrait être tenu. Les entreprises du BTP, qui emploient 1,5 million de salariés sont très inquiètes et tirent, elles aussi, la sonnette d’alarme.

François Hollande sait tout cela. Il sait que les Français n’en peuvent plus et ont, à 73% (sondage IPSOS), le sentiment que les politiques ne se préoccupent pas suffisamment de ce grave problème qui, à leurs yeux, devrait être une cause nationale. Seulement voilà, que faire quand le budget de l’Etat n’offre aucune marge de manœuvre ? Il y a quelques jours, le chef de l’Etat a présidé une importante réunion interministérielle sur le sujet. Y participaient : le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, les ministres Cécile Duflot (logement), Jérôme Cahuzac (Budget), Moscovici (Economie et des Finances), Delphine Batho (Ecologie), Michel Sapin (Emploi) et Sylvia Pinel (Commerce et artisanat). La discussion fut parfois vive et les arbitrages différés. Trois pistes sont mises à l’étude:

Un plan de rénovation thermique des immeubles. Actuellement entre 120 000 et 150 000 logements sont rénovés chaque année. Le président de la République a fixé un objectif de 500.000 logements ainsi rénovés chaque année d’ici la fin du quinquennat.

Inciter les institutionnels à orienter une partie de l’assurance-vie vers le logement locatif intermédiaire.

Fixer le taux de TVA appliqué au logement social a un niveau minoré (5%).

Des mesures seront, parait-il, annoncées dans les prochains jours. Constitueront-elles une politique du logement digne de ce nom, c’est-à-dire lisible, efficace, cohérente ? C’est peu probable. Pourtant, l’argent ne manque pas. Les sommes placées par les Français sur le Livret A et le Livret de développement durable (LDD) atteignent des sommets historiques (quarante milliards d’euros). Un montant qui représente deux fois les hausses d’impôts prévues. Les épargnants ont, par précaution parce qu’ils sont inquiets, massivement placé leurs économies sur ces placements défiscalisés, à la faveur des hausses de plafonds décidées en octobre et janvier. La Caisse des dépôts, dit-on dans les milieux bancaires, « ne sait plus quoi faire de tout cet argent ». Le gouvernement envisage d’utiliser ces dépôts à hauteur de 20 milliards d’euros, étalés sur plusieurs années, pour financer les investissements dans la couverture numérique du territoire, le logement et les collectivités locales. Dans le cadre de quelle politique ?

Le 1er février 2012, quand François Hollande, candidat socialiste à la présidence de la République, avait signé le « Contrat social pour une nouvelle politique du logement », que la Fondation Abbé Pierre pour le logement proposait aux candidats, il n’ignorait rien de la situation très préoccupante dans laquelle se trouvent dix millions de Français et, parmi eux, les 3,6 millions de personnes mal logées.

Les besoins sont estimés à 500.000 logements neufs par an alors que le nombre de mises en chantier est tombé à moins de 300 000. Il n’est que temps de rapprocher le tabouret du piano !

Les lecteurs qui s’intéressent à cette question pourront, en cliquant sur l’onglet « logement », lire l’ouvrage que j’ai consacré à l’histoire des politiques du logement depuis 1945.

 


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