Vendredi dernier, visite du Salon du Bourget et déjeuner au Pavillon de la Défense à l’invitation de la Délégation Générale à l’Armement. Cette année, le plus grand salon aéronautique du monde fêtait son centenaire. Quel chemin parcouru depuis 1909, depuis le premier vol de Blériot. Quel chemin parcouru par notre industrie aéronautique, une des plus importantes du monde. La crise économique et le très récent crash du vol Air France AF 447, étaient dans tous les esprits, mais les passionnés d’aviation étaient au rendez-vous pour célébrer ce brillant anniversaire et voir, ou revoir, évoluer toutes ces merveilleuses machines volantes.
« Le Rafale décolle dans trois minutes » prévenaient ceux qui avaient le programme entre les mains. Il fallait voir l’excitation qui envahissait les visiteurs, dans les stands, sur le tarmac. Un mélange d’admiration et de fierté nationale explique ce sentiment qu’éprouvent spontanément des dizaines, que dis-je, des centaines de milliers de personnes présentes. Sur la terrasse du Pavillon de la Défense, qui domine un exemplaire du Rafale, très entouré, nous admirions en silence les évolutions du capitaine de l’armée de l’air qui, cette année, pilote le Rafale en démonstration. En silence, car, à chaque accélération, le nombre de décibels empêchait toute conversation. Les regards admiratifs suffisaient pour partager ce moment privilégié. Les organisateurs avaient bien fait les choses. Sitôt le silence revenu, après que le Rafale se soit immobilisé au bout de la piste et que les nombreux applaudissements aient cessé, le speaker annonça que l’Airbus 380 était sur le point de décoller. L’excitation, la curiosité et la fierté n’étaient pas retombées.
Au décollage, quand les puissants réacteurs emportent les 360 tonnes de l’avion, le bruit qui parvenait à nos oreilles ne dépassait pas celui d’une tondeuse à gazon ! Certes, le F22A Raptor de l’US Air Force, qui aurait dû être la vedette du Salon, n’était pas là, mais les F 16, Super Hornet, hélicoptères et drones américains, utilisés en Afghanistan, avaient beaucoup de succès. Certes, les compagnies aériennes craignent une importante chute d’activité en 2009 et en 2010, supérieure même à celle qui avait été observée après les attentats du 11 septembre 2001.
Certes, alors que personne ne conteste les immenses qualités du Rafale, aucun exemplaire de celui-ci n’a encore été vendu depuis sa conception en 1985. C’est d’autant plus dommage que l’Eurofighter est loin de donner satisfaction. Il est regrettable que la coopération européenne, dans ce domaine, n’ait pas optimisé plus intelligemment les capacités technologiques de certains pays membres et notamment de celles de la France.
Si la raison ne l’emporte pas rapidement, c’est toute l’industrie aéronautique européenne, et notamment française, qui sera fragilisée et pourrait même disparaître.
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