En l’espace de quelques jours, je viens de perdre deux amis très chers.
Dimanche dernier, 20 octobre, Jacques Hintzy qui, ces dernières années, avait présidé l’UNICEF-France (1999 à 2012), organisme au sein duquel il militait bénévolement depuis plus de vingt-cinq ans, disparaissait. Dans cette fonction, il avait donné toute la mesure de son talent de gestionnaire et de son caractère combatif, généreux, pugnace, pour défendre la cause des enfants, tous les enfants, les enfants soldats, les enfants victimes du VIH, les enfants victimes du tourisme sexuel et les autres. Tous ceux qui l’ont vu œuvrer pour l’UNICEF, pendant cette période, se souviennent et, surtout, se souviendront, de l’efficacité des actions courageuses qu’il avait entreprises discrètement, mais avec beaucoup d’efficacité, dans ce combat de tous les jours.
HEC, diplômé de Science-Po-Paris, Jacques était un publicitaire, un des meilleurs spécialistes de la communication, formé à l’école Havas, avant de voler de ses propres ailes. Infatigable, est le mot qui revient le plus souvent dans les très nombreux hommages qui lui sont rendus, notamment sur le site de l’UNICEF. C’est à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN) que j’ai connu Jacques Hintzy. Nous avions suivi ensemble la 39ème session, en 1986-87. Brillant, discret, Jacques était un esprit très fin qui faisait l’unanimité au sein d’une promotion qui ne manquait pas de fortes personnalités. Fidèle en amitié, il manquait rarement les réunions d’anciens. Le 25 novembre prochain, nous ne croiserons plus son regard bon et franc, mais aurons, pour lui, une pensée particulière.
« L’homme aux 2 milliards d’enfants », ainsi que l’avait présenté un magazine féminin, il y a quelques années, était toujours disponible, simplement, avec une gentillesse, une discrétion, un humanisme, soulignés aujourd’hui par tous ceux qui l’ont connu et aimé. Adieu, cher Jacques. Nous pensons à ta famille.
Le jeudi 10 octobre, c’est un autre grand-homme qui avait, comme Jacques Hintzy, le souci des jeunes et de leur avenir, que nous avons perdu. C’est la raison pour laquelle, je les associe dans cet hommage.
Bernard Delafaye avait débuté sa carrière en 1969 comme Auditeur de justice à l’Ecole nationale de la magistrature. Il avait ensuite occupé les fonctions de magistrat à l’administration centrale de la Justice (1971-1976) et de Chef de cabinet du directeur des affaires criminelles et des grâces (1973-1976). En1976, il est devenu Substitut puis Premier substitut du procureur de la République de Melun, avant d’enseigner à l’Ecole Nationale de la Magistrature. En 1980, il fut nommé Secrétaire général du Parquet de Paris, puis Rapporteur à la commission de la concurrence en 1982. Premier substitut du procureur de la République de Paris, Chef de la 11ème puis de la 5 ème section en 1984, Substitut du procureur général en 1988, Bernard Delafaye avait été nommé Avocat général près la cour d’appel de Paris en 1992. Programmé pour la Cour de Cassation, ce grand juriste avait décidé de mettre fin à sa carrière de magistrat en 1995 et d’intégrer le secteur privé en qualité de conseiller juridique international de Jean-Luc Lagardère, puis, par la suite de Contrôleur général de Lagardère SCA. En 2009, Bernard Delafaye avait rejoint, en qualité d’avocat, le cabinet Orrick, Rambaud, Martel.
Infatigable, quand il prenait en charge un dossier, un projet, une mission. Il était capable de faire mille choses à la fois, mais, au milieu de ses amis, il était toujours disponible, drôle, facétieux, même dans ces joutes oratoires qui rappelaient qu’il avait été un procureur redoutable. Bernard Delafaye avait également été chargé d’enseignement à l’Institut de criminologie et à l’Institut d’études judiciaires de l’université Paris II-Panthéon Assas (1980-95) et à l’Ecole nationale supérieure des mines de Paris en 1990.
Royannais de cœur, Bernard Delafaye était, avec son ami, Michel Rouger, à l’origine des « Entretiens de Royan », des rencontres juridiques de haut niveau, qu’il avait organisées pour la première fois, en 2009, sur la question du juge d’instruction. La deuxième édition avait été consacrée au droit maritime et à la piraterie maritime qui était d’actualité.
Bernard était également le trésorier de « Présaje », un think tank de référence pour les thématiques sociétales qui intègrent les trois mondes de l’économie, du droit et de la justice. Avec Michel Rouger et quelques spécialistes de renom, il consacrait du temps à la nécessaire coordination des activités de l’économie, les métiers du droit et de l’institution judiciaire qu’il connaissait bien. Avec ses amis de « Presaje », il voulait intéresser les jeunes générations, qui se préparent à de hautes fonctions, à ces trois grandes fonctions pour une meilleure compréhension de ces univers si étrangers les uns aux autres. « L’ambition de l’institut PRESAJE – Prospective, Recherches et Etudes Sociétales Appliquées à la Justice et à l’Economie, est de tenter de remédier à ces clivages, en offrant aux jeunes magistrats, avocats, universitaires et hommes d’entreprise, la possibilité de travailler ensemble sur les grands sujets de société, porteurs de changements décisifs dans l’intrication du droit et de l’économie, et de la mission des juges. »
Je dois à Bernard Delafaye quelques-uns de mes plus inoubliables fous rires. Nous nous retrouvions régulièrement, avant l’été pour la dernière fois, pour diner avec quelques amis très proches et très fidèles. Avec Bernard, nous avions en commun de merveilleux souvenirs de Royan, dans les années 50. Le « Whisky à gogo » de Pontaillac, les matches de volley sur la plage, les glaces de Judici et Tamisier, les « tartes aux prunes » de Saint-Georges de Didonne.
Merci Bernard pour tous les bons moments passés ensemble, pour ton grand cœur et ta fidélité. Clotilde, nous pensons à vous et à toute votre famille.
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