Faut-il que les démocraties occidentales soient vulnérables et, par conséquent faibles, pour qu’une poignée de repris de justice soit capable, avec des moyens très limités, de terroriser une grande ville, de paralyser un pays entier – et les institutions européennes – pendant quelques heures ?
Empêtrés dans leurs contradictions, les pays membres de l’Union européenne se montrent incapables de sécuriser leurs ressortissants, de protéger leurs frontières, de coordonner leurs services de renseignement, en un mot de résister et d’apporter une réponse adaptée à une menace sérieuse pour la démocratie. Le groupe de Visegrad, qui réunit la République tchèque, la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie, a adopté une ligne dure sur la politique d’accueil des migrants. Cette position est en désaccord avec la politique prônée un temps par la chancelière Angela Merkel. Il était prévisible que des djihadistes, avec des missions terroristes, entreraient en Europe avec les réfugiés. Avec eux, un certain nombre de musulmans désespérés, influençables, s’échauffent sur les réseaux sociaux et se déclarent prêts à combattre pour la cause.
Les opinions publiques, partout en Europe, s’impatientent, ne comprennent pas l’impuissance de leurs dirigeants politiques et ne trouvent d’autre solution que de rejoindre les partis extrémistes et populistes qui promettent des mesures énergiques pour endiguer la menace. Il faut dire que les conseils européens, de plus en plus fréquents et nombreux, n’apportent aucune réponse. L’Europe, qui a dominé le monde pendant des siècles, donne l’impression d’être paralysée par son histoire, ses valeurs, son humanisme.
Les terroristes djihadistes n’ont pas de porte-avions, d’avions de combat, d’armée digne de ce nom, de nucléaire militaire. Nous serions en guerre contre un pays fantôme, une armée qui n’existe pas. C’est idiot, c’est faire un honneur bien inutile à une poignée de djihadistes qui ont parfaitement analysé notre faiblesse et l’exploitent efficacement avec des moyens très limités. Qualifier de guerre une menace, certes effroyable par le nombre de victimes, est une erreur. C’est valoriser et exagérer une menace qui est de nature terroriste. Le terrorisme, que je sache, n’a jamais gagné une guerre contre un État. L’émotion suscitée et l’usage que les chaînes d’information continue en font, constituent une faute stratégique, un piège dans lequel nous tombons avec une certaine naïveté.
C’est avec des services de renseignement, des forces de police et un arsenal de répression judiciaire adaptés qu’il faut combattre des criminels déterminés et endoctrinés. Un petit nombre d’individus peut causer des dégâts disproportionnés, mais ni l’armée, ni les menaces, ni les discours ne sont adaptés à ce type de risques.
Je comprends que ces propos puissent choquer, mais l’émotion n’est pas une arme. Elle entretient la peur. Face à une idéologie, l’islamisme radical, qu’avons-nous à proposer ? Une religion ? Une philosophie ? Non, un monde technocratique à l’excès, de sciences et de techniques, une société de consommation et de communication poussée à la caricature, un mode de vie purement matérialiste empaqueté de valeurs que les djihadistes contestent autant qu’ils les jalousent.
Pour conceptualiser et contextualiser le terrorisme, nous sommes imbattables. Le dernier débat sur la radicalisation dans les banlieues, il y a quelques jours, dans la dernière émission « Des paroles et des actes » était, à cet égard, affligeant. Les critiques, sur les réseaux sociaux, n’étaient pas tendres. Les Français en ont assez des dissertations d’experts autoproclamés, incapables d’écouter les autres, à l’exception d’eux-mêmes. Nathalie Kosciusko-Morizet, à la fin de l’émission, avait parfaitement résumé le débat quand elle s’est exclamée : « On mélange tout, ce qui accentue la confusion ». Tout était dit
La « montée aux extrêmes » chère au regretté René Girard (Achever Clausewitz), est donc inévitable. Le radicalisme islamique, comme le communisme et le fascisme, avant lui, pense qu’il a l’éternité devant lui. Il repose sur l’idée que nos sociétés s’autodétruiront, que leurs actions terroristes provoqueront des guerres civiles propices à leur prise de pouvoir totalitaire.
Ne nous y trompons pas, ils admirent nos richesses, peut-être même notre mode de vie, mais ils veulent s’asseoir à la table. C’est ce que René Girard appelait le mimétisme : « copier l’objet de sa détestation ». Le marketing de leur communication et de leur politique – très active – de recrutement, en témoigne. La mise en scène de décapitations, de tortures, n’a rien à envier aux jeux vidéo et aux films d’horreur les plus violents, à ceci près que c’est la réalité…
Pour mieux comprendre les causes de la situation dans laquelle nous nous trouvons, je conseille la lecture de l’article du grand reporter international Renaud Girard dans FIGAROVOX (http://plus.lefigaro.fr/tag/renaud-girard) sur la politique étrangère de la France. Il est très critique sur notre politique atlantiste qu’il qualifie de néoconservatrice.
Nous avons semé, nous récoltons….
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