Lundi dernier, j’étais convié à assister, à la Bibliothèque nationale de France, à la présentation du livre que l’éditeur « Actes Sud – Papiers » consacre à Louis Jouvet dans sa collection « Mettre en scène » dirigée par Béatrice Picon-Vallin.
L’éditeur avait demandé à Eve Mascarau, ancienne élève de l’Ecole normale supérieure de Lyon, chercheur associé au département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France, qui consacre ses travaux de recherche à la pensée de Louis Jouvet, de choisir et de présenter un certain nombre de textes que la Bibliothèque nationale de France possède depuis que la famille de Louis Jouvet lui a fait don, en 1961, d’un ensemble de manuscrits, maquettes originales de décors et costumes, programmes, affiches, presse, correspondance et photographies. La BnF a, depuis, fait l’acquisition de 1800 volumes de la bibliothèque personnelle de Louis Jouvet et continue à acquérir des maquettes originales, des manuscrits (notamment de Jean Giraudoux) , des dessins des costumes, des projets, des textes, des notes de mises en scène et des croquis de la main de Louis Jouvet. Ce fonds, très riche, représente aujourd’hui plus de quarante mètres de linéaire. Ce qu’il contient est consultable sur le site de la BnF – Archives et manuscrits – département des arts du spectacle (1)
Entourée de Joël Huthwohl, directeur du département des Arts du spectacle (BnF), qui animait la discussion, de Jean-Loup Rivière, professeur à l’ENS Lyon et au Cnsad, de Mileva Stupar, conservatrice au département des Arts du spectacle (BnF) et de Michel Vuillermoz, sociétaire de la Comédie-Française, qui a lu – admirablement – quelques textes de Louis Jouvet, Eve Mascarau a expliqué comment elle avait procédé pour «sélectionner des notes personnelles, des articles, des conférences, etc. qui prennent la forme d’aphorismes, de questionnements, de discours ou de récits » et montrer à quel point Jouvet « n’a ni systématisé sa pensée, ni élaboré de théories. Au contraire, il a toujours tenu à rejeter toute forme de conceptualisation de sa pratique. »
Dans son introduction, Eve Mascarau explique que la pensée de Jouvet « peut dérouter par ses contradictions. Il nous semble que là précisément réside sa valeur : Jouvet, dans sa quête, est absolument sincère, ses paradoxes et ses retournements sont les signes voire la méthode de sa démarche vers la vérité. Et bien qu’il achoppe inévitablement sur un ailleurs inaccessible, Jouvet creuse sans relâche le sillon du mystère du théâtre, essence et fin de son métier. »
Ce recueil de textes est un régal. Ceux qui aiment Louis Jouvet, y trouveront des clés de lecture et, fort bien analysés, l’originalité de la pensée et le perfectionnisme de ce « jardinier des esprits,, médecin des sentiments,, horloger des paroles, accoucheur de l’inarticulé, savetier des situations, cuisinier des propos, régisseur des âmes, roi du théâtre et valet de chambre de la scène, escamoteur ou magicien, essayeur et pierre de touche du public, conférencier, diplomate, économe, nourrice ou chef d’orchestre, peintre et costumier, exégète, intransigeant ou opportuniste, convaincu et hésitant… » , ainsi qu’il définissait le metteur en scène et la mise scène.
Ceux qui ne le connaissent pas, découvriront Louis Jouvet d’hier et d’aujourd’hui, avec le « mode d’emploi » !
Louis Jouvet – Introduction et choix de textes par Eve Mascarau – Actes Sud – Papiers – ISBN 978-2-330-02392-8 – 13 €
(1) – . http://data.bnf.fr/11909146/louis_jouvet/ et (http://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ead.html?id=FRBNFEAD000008647
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