L’Europe, avant la présidence française.


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Le 27 octobre 2005, quand un journaliste du journal Le Monde posait à Gordon Brown la question suivante : « A quoi sert l’Europe face à la mondialisation ? », le Chancelier de l’Echiquier de l’époque répondait : « A rien, puisqu’elle est bien trop grande pour faire face à des problèmes locaux et bien trop petite pour affronter les enjeux mondiaux ».
Les récentes déclarations de Gordon Brown, devenu le Premier ministre britannique, ne doivent pas être interprétées comme un infléchissement de sa position à l’égard de l’Europe. Elles sont purement tactiques, à la veille de la ratification par la Chambre des Communes et par celle des lords et liées aux déclarations de son challenger, David Cameron. Ce n’est pas Gordon Brown qui a changé, c’est l’Europe. Nicolas Sarkozy, Angela Merkel, Manuel Barroso, se sont rapprochés de la conception britannique de l’Europe. La signature du mini traité n’a été possible qu’à ce prix et ce serait une grave erreur que de ne voir dans les déclarations récentes de Valéry Giscard d’Estaing qu’un chagrin politique. La Grande Bretagne, après les travaux de la convention présidée par VGE, et plus précisément à partir de la Conférence intergouvernementale de Naples, en janvier 2003, a imposé aux autres membres, les conditions de son acceptation au projet de traité constitutionnel. Les pays membres de l’Union européenne, attachés à l’esprit du Traité de Rome, ont cédé sur des points essentiels pour sauver ce qui pouvait encore être sauvé.
Nicolas Sarkozy, avec un sens politique hors du commun, que tout le monde lui reconnaît, quand il n’en fait pas trop, a parfaitement senti cette évolution, l’accompagne et, influencé par Henri Guaino, l’ancien adversaire de Maastricht, n’hésite jamais à dénoncer la politique de Bruxelles tout en se présentant comme le sauveur de l’Union européenne. Il ne faudrait pas, en effet, que le président français en fasse trop, car l’art de récupérer à son seul profit le long et laborieux travail des autres pourrait finir par agacer certains membres qui, plus discrètement, font tout ce qu’ils peuvent pour que l’Europe progresse.
Quand Nicolas Sarkozy affirme qu’à la fin de la présidence française, l’Europe aura une politique de l’immigration, une politique de la défense, une politique de l’énergie et une politique de l’environnement, il prend les Européens pour des Français. Ces politiques sont en chantier depuis longtemps, elles étaient inscrites dans l’agenda depuis plusieurs mois voire plusieurs années et les décisions qui seront peut être prises en fin d’année ne dépendront pas de la seule volonté du président Français.
A l’inverse, quand on lit entre les lignes l’interview accordée par Henri Guaino au Financial Times le 10 décembre dernier, il y a tout à craindre de l’influence de ce conseiller sur le déroulement de la présidence française et les contradictions qui pourraient l’émailler. Les Français, et les Européens, découvriront alors qui définit les positions françaises sur l’Union, l’opinion publique, le Parlement, Matignon, le gouvernement ou seulement un cercle restreint à l’Elysée.


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