Inutile, donc, de chercher à qualifier les joueurs, après avoir donné à leurs prédécesseurs les noms de « bronzés », de « barjots », de « costauds » ou « d’experts ». Aussi brillants soient-ils, ce ne sont pas les joueurs seuls qui expliquent le succès de l’équipe de France depuis une aussi longue période. C’est l’histoire de cette fédération sportive, sa politique à long terme de formation, d’encadrement, d’excellence, du dépassement de soi, de l’esprit d’équipe, qui expliquent ses succès dans la durée. Bien avant 1995 et les neuf titres obtenus au plus haut niveau, l’état d’esprit caractérisait l’équipe de France. Ce n’est pas la première fois que j’en parle dans ce blog. Dans les jours qui avaient suivi la victoire de l’équipe de France en finale des Jeux olympiques de Londres, j’avais évoqué la part prise dans l’histoire de cette fédération par des hommes comme Nelson Paillou, Jean Férignac, Daniel Constantini et après lui, Claude Onesta
Nelson Paillou, ancien joueur de hand, fut le premier président de la section hand du Bordeaux Etudiants Club de 1942 à 1964. Cette année là, il devint le président de la Fédération Française de hand-ball et lança une grande campagne pour développer ce sport qui était essentiellement scolaire et universitaire. Il fut nommé Chef de Mission de la délégation française au J.O de Montréal. En 1982, il quitta ses fonctions à la Fédération pour prendre la présidence du Comité national olympique et sportif français, le C.N.O.S.O.F, dont il était déjà le vice-président depuis 1971.
Jean Férignac, c’est ma jeunesse ; nous avons commencé à faire du sport ensemble en sixième au lycée d’Angoulême. Brillant élève, doué pour tous les sports, il est tout naturellement devenu professeur d’éducation physique à sa sortie de l’Ecole normale supérieure d’éducation physique. Il intègre le CREPS de Montpellier pour former les futurs professeurs d’EPS Excellent joueur de foot, il aurait pu intégrer les Girondins de Bordeaux. Il a très jeune été sélectionné dans l’équipe de France universitaire de football. Mais il opta pour le hand-ball au poste de gardien de but, un poste qui lui valut d’être considéré, en son temps, comme le meilleur gardien du monde. Capitaine de l’équipe de France de 1958 à 1970, il a joué plus de 200 fois dans l’équipe nationale. En 1982, quand l’équipe de France de football prépara la Coupe du monde en Espagne à Font Romeu, Jean Férignac était le proviseur du lycée climatique où les joueurs étaient en stage. En 1985, c’est Jean Férignac, directeur technique national, qui nomma Daniel Costantini au poste de sélectionneur de l’équipe de France. Par la suite, il intégra le cabinet du Ministre de la Jeunesse et des Sports, Roger Bambuck, puis devint responsable international des Jeux de la Francophonie.
Daniel Constantini, ancien joueur du Stade Marseillais Université Club (SMUC) de 1949 à 1973 a été international à 10 reprises. En 1985, nommé sélectionneur de l’équipe de France, il impose une rigueur technique et tactique qui permettra à la sélection nationale d’obtenir la médaille de bronze au Jeux olympiques de 1992, puis le titre mondial en 1995 avec « les Barjots » que furent Frédéric Volle, Philippe Gardent, Denis Lathoud, Stéphane Stoecklin et le génial Jackson Richardson que les Français n’ont pas oubliés. En 2001, on ne peut gagner tous les ans, Daniel Constantini fait en sorte que l’équipe de France décroche à nouveau le titre de champion du monde avec de nouveaux joueurs comme Grégory Anquetil, remarquablement accompagnés par les anciens, sous la direction de Jackson Richardson.
Claude Onesta renouvelle son groupe avec succès. Le niveau d’exigence demeure le même. L’équipe de France a sans doute encore de beaux jours devant elle.
En conclusion, il n’y a de réussite que dans la durée et dans le respect d’un état d’esprit que les sportifs, entre eux, appellent « la gagne ».
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