À l’initiative de son nouveau président, Monsieur Mario Faure, l’UNION-IHEDN a célébré le 40e anniversaire de sa création dans les salons du Quesnoy du Musée de l’Armée aux Invalides.
L’UNION-IHEDN est une association qui regroupe les 42 associations d’auditeurs de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN). Les 3 associations nationales que sont l’Association des auditeurs de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale, l’Association des Auditeurs et Cadres des Hautes Études de l’Armement et l’Association Nationale des Auditeurs Jeunes de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale, 7 associations internationales et thématiques et 32 associations régionales de métropole et des outre-mer.
« Les auditeurs de l’IHEDN, comme le précise le site : http://www.union-ihedn.org, sont des décideurs, des hauts responsables des armées, de la fonction publique et du secteur privé. Ils ont un idéal et un objectif : promouvoir et développer l’esprit de défense et de sécurité, raison pour laquelle l’État a mandaté l’IHEDN pour les former.
Au sein de chacune des 42 associations, les auditeurs poursuivent la réflexion qu’ils ont commencée lors de leur formation. Ils sensibilisent les élus aux problèmes de défense. Ils s’investissent, au service des enseignants de l’Éducation nationale, par le biais des trinômes académiques. Ils participent aux « Réserves ». Ils remplissent des fonctions de conseillers de défense. Ils apportent leur expertise dans différents domaines dont l’intelligence économique, et mettent leurs compétences à disposition des préfets et des élus sur tout le territoire national.
Les associations et les auditeurs de l’IHEDN développent un grand nombre d’initiatives au service de la défense et de la sécurité de la France et de l’Europe. Ce sont des relais d’opinions dans les secteurs où ils exercent leurs compétences. »
J’ai déjà, dans ce blog, rendu hommage à Pierre Schwed, le fondateur de L’UNION-IHEDN. Mon illustre prédécesseur à la présidence de l’UNION, avait, en 1975, réussi, non sans difficultés, à fédérer les associations existantes soucieuses de leur indépendance. C’est pour cette raison que le directeur de l’IHEDN, en 1976, le général d’armée Jean Paul Etcheverry lui avait rendu un hommage reconnaissant, en ces termes, dans le numéro 8 de la revue Défense de janvier 1977 : « Dans un style personnel fait d’un dynamisme, d’un enthousiasme et d’une efficacité qui n’excluent nullement le sens des nuances et la chaleur humaine, il a apporté à l’Association un lustre jamais égalé, lui donnant une audience exceptionnelle auprès des plus hautes autorités du pays comme auprès de l’opinion en général. La création de la revue Défense qui, née en 1974, compte déjà parmi les publications spécialisées du meilleur niveau, est une des réalisations marquantes à mettre à son crédit. Mais l’œuvre maîtresse de Pierre Schwed aura été sa contribution efficace à la mise sur pied de l’Union des associations de l’Institut des hautes études de défense nationale.…..Je suis très conscient de ce que l’IHEDN ne peut avoir sur les associations que la seule tutelle morale que celles-ci veulent bien lui reconnaître et que cette indépendance doit être maintenue en dehors de toute hiérarchie officielle. Avec le président Schwed, l’exercice de cette « tutelle » aura été pour moi une source permanente de satisfaction et d’enrichissement. Je me dois notamment de souligner la constance et la loyauté du concours qu’il n’a cessé d’apporter à l’Institut lorsque les circonstances ont fait que la « maison » devait être expliquée et parfois défendue, en particulier dans la presse : sous le signe de l’Association, puis de l’Union, il n’a jamais manqué d’intervenir avec courage et efficacité. »
Quarante ans après, le 3 décembre 2015, le président Mario Faure, a commenté, devant les nombreux invités présents, le « Projet pour l’UNION » qu’il a récemment fait adopter par le conseil d’administration de l’association. L’Union prend tout son sens, dit-il, si elle se donne deux objectifs : 1° Créer des synergies entre ses composantes, synergies qui aboutissent à ce que l’efficacité de l’Union soit supérieure à la simple addition de l’efficacité de ses membres et à ce que chaque association soit plus forte parce que liée aux autres. 2° Renforcer globalement la communauté des auditeurs sans méconnaître les spécificités des uns et des autres.
« L’animation de la communauté des auditeurs, au travers de ses différentes structures, est-il écrit dans ce projet, est le fait de quelques centaines de nos camarades qui acceptent de façon bénévole de prendre sur leur temps et leur énergie pour agir. Ils mettent leurs talents et leur expérience au service de notre mission commune. Les responsabilités qu’ils exercent leur ménagent des satisfactions mais aussi des soucis. C’est encore plus vrai lorsque ces animateurs exercent toujours une activité professionnelle. Aujourd’hui peut-être plus encore que par le passé, intégrer dans son emploi du temps des responsabilités non professionnelles demande un sens du service collectif qu’il faut saluer. L’Union doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour épauler les responsables des associations et leur permettre de remplir leurs mandats avec succès. Notre organisation doit favoriser la démultiplication des résultats obtenus par les structures associatives. » Pour relever les défis auxquels nous avons à faire face, il faut une feuille de route qui mobilise la fédération qu’est l’UNION.
Le directeur de l’IHEDN, le général de corps d’armée Bernard de Courrèges d’Ustou, a, de son côté, souligné les liens très étroits qui unissent l’Institut à l’UNION. Il a rappelé que le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale publié en 2013, a confirmé le rôle majeur de plateforme interministérielle de l’IHEDN, de formation et de sensibilisation aux questions de défense et de sécurité nationale, sur l’ensemble du territoire national, tant auprès des dirigeants publics et privés, que des jeunes. Outil d’influence au service d’une responsabilité européenne et internationale, l’Institut consolide également sa fonction d’appui à la recherche, pour le rayonnement de la pensée stratégique française. Fort de son histoire, l’IHEDN inscrit pleinement son action dans sa mission fondatrice de renforcement de la cohésion nationale par la promotion, dans la Nation, d’une culture de défense et de sécurité nationale.
Dans cet esprit, la mission de l’IHEDN s’est élargie aux questions de défense, de politique étrangère, d’armement et d’économie de défense. Au mois de janvier 2010, l’Institut a fusionné avec le Centre des hautes études de l’armement (CHEAr), il contribue aux formations organisées par le ministère des Affaires étrangères et du Développement international (Maedi) et se rapproche de l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ). Chaque année, l’ensemble des actions de formation et d’information de l’Institut concerne environ 12 000 auditeurs et participants. En dehors des sessions nationales et régionales, l’Institut organise des séminaires ciblés qui s’adressent à des publics diversifiés, parlementaires, élus locaux, magistrats, préfets, jeunes de 20 à 30 ans, étudiants des universités et grandes écoles… ainsi que des formations thématiques comme l’Intelligence économique ou la gestion des crises à l’international.
Le « Plan stratégique », qui ne sera rendu public qu’au mois de janvier 2016, redéfinira les orientations de l’Institut autour de quatre axes fondamentaux. « La volonté d’ouverture vers un public moins acquis, voire ignorant des questions de défense et de sécurité nationale, vers les jeunes générations et, plus largement, à la société civile dans le cadre du lien citoyenneté-défense. La structuration de la communauté de l’IHEDN. L’Institut doit plus que jamais, impulser et animer cette communauté, composée des auditeurs, des associations et des partenaires institutionnels. L’information et la transmission de l’esprit de défense, de la connaissance de l’institution militaire, des enjeux de défense, de la pensée stratégique française, par la mise en relation et en réseau de l’ensemble des acteurs publics et privés engagés dans la mission de formation à la défense et à la sécurité globale. À ce titre, les auditeurs doivent recevoir de l’Institut « la capacité à transmettre ». La modernisation et la rationalisation de la gouvernance de l’Institut, outil nécessaire à cette dynamique stratégique.
Le président Mario Faure m’a ensuite invité, en ma qualité de président d’honneur de l’UNION et d’ami très proche de Pierre Schwed, à évoquer, devant les invités, la mémoire du fondateur de l’UNION. Devant son buste, transporté pour l’occasion aux Invalides, j’ai rappelé ce que Pierre Messmer, son ami, ancien Premier ministre, disait de Pierre Schwed : « Peu d’hommes ont voulu plus que lui, de sa jeunesse à sa mort, s’identifier à la défense de son pays. Né à Colmar, le 2 janvier 1923, le jeune Éclaireur de France ne tarda pas à s’engager comme agent de liaison de « la défense passive », en 1939, à l’âge de 16 ans. En 1941, il s’engage dans la résistance, dans les Forces Françaises combattantes, puis participe, à la fin de l’année suivante, à la création de l’Armée secrète dont il fut le chef de la 6e compagnie du 3e régiment. Il est arrêté en 1943 pour des actions qui lui vaudront la Croix de guerre avec citation à l’ordre du Corps d’armée. En 1944, il est libéré par la résistance et reprend du service dans les F.F.I. Médaillé de la Résistance, il retourne dans la vie civile, après la Libération, participe à la création d’un établissement financier, FINACOR, dont il deviendra le Président-directeur général jusqu’en 1984 et fait, à ce titre, partie de divers conseils d’administration.
De la guerre, il n’avait gardé aucune haine de ses ennemis ; dans la paix, il traitait loyalement ses concurrents et ses adversaires. En politique, il avait ses opinions, ne les cachait pas mais n’a jamais été un homme de parti. Il a connu, fréquenté, reçu presque tous les ministres de la Défense de la Ve République, de droite comme de gauche, gaullistes ou antigaullistes ; j’ai eu parfois le sentiment qu’il retenait particulièrement l’attention de ceux qui n’étaient pas d’accord avec lui et sa capacité d’écoute n’enlevait rien à sa force de conviction. Et il avait le génie de l’amitié, une amitié tous azimuts : très marqué par l’Extrême-Orient dont sa maison de Marnes-la-Coquette conserve de beaux souvenirs, il est venu en aide à ses amis cambodgiens persécutés et chassés par les Khmers rouges. Nos alliés de l’OTAN étaient accueillis chez lui, civils et militaires, avec une prédilection sensible pour les officiers de toutes armes et de toutes les armées. »
De 1948 à 1990, Pierre Schwed a mené en parallèle une carrière d’officier de réserve, qui le conduit, en 1972, au grade de colonel, et une intense activité au service de l’esprit de défense dans le cadre de l’Institut des hautes études de défense nationale. Auditeur de la 18e session, dont il sera élu premier délégué, il participe dès l’année suivante, en 1966 à l’activité de l’association en qualité de trésorier adjoint. Déjà Chevalier de la Légion d’honneur, au titre de la Résistance, il est promu officier en 1967. En 1973, il est tout naturellement élu président de notre association.
Pierre Schwed, l’Européen, avait de 1984 à 1993, activement milité pour la création d’un Institut européen des hautes études de défense et constitué, au sein d’un comité d’études pour un esprit de défense européen, un réseau à haut niveau, pour promouvoir l’identité européenne de défense et de sécurité. Il voulait convaincre les dirigeants politiques que les questions de défense et de sécurité devaient être traitées au niveau européen. Il voulait susciter la prise de conscience des valeurs partagées et des intérêts communs. Il y a mis, comme toujours, toute sa force de conviction et n’a pas ménagé sa peine. Il s’est souvent dit, comme son ami Edgar Faure, que « C’est un grand tort d’avoir raison trop tôt », mais ce meneur d’hommes savait mobiliser les énergies. Il était impossible de lui refuser quoique ce soit. Le 9 février 1994, avec quelques amis, il avait créé l’association EuroDéfense – France. Aujourd’hui, il existe 13 associations EuroDéfense, en Italie, en Allemagne, en Espagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Grande – Bretagne, au Portugal, en Autriche, au Luxembourg, en Grèce et en Hongrie qui militent pour « une Europe sûre dans un monde meilleur ».
Son épouse, Edel, m’avait fait part, au printemps, de son intention de donner aux associations auxquelles son mari avait consacré une grande partie de sa vie, un très beau buste en bronze sculpté par Madame A.M. Moretti en 1995. Elle souhaitait que ce buste ait sa place à l’École militaire et qu’ainsi, un hommage permanent puisse être rendu à son mari en mémoire de tous les services qu’il a rendus à l’Institut et à la défense de son pays.
Le 10 juin 2008, Monsieur Jean-Marie Bockel, Secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens Combattants, ami très proche de Pierre Schwed, avait inauguré la pose de ce buste dans l’antichambre des salles de comité de l’IHEDN à l’École militaire, en présence des très nombreux amis du fondateur de l’UNION.
Enfin, le 3 décembre, j’ai informé les invités que le conseil d’administration de l’UNION avait décidé, le 6 mai 2015, de créer un prix qui portera le nom de « Prix Pierre Schwed », en raison de la place qu’occupe le fondateur de l’UNION-IHEDN dans la mémoire des associations. Créateur du prix Vauban, de la revue Défense, de l’UNION-IHEDN, de l’association EuroDéfense, Pierre Schwed a en effet consacré sa vie aux questions de défense. Ce prix, destiné à récompenser une étude « relative aux questions de défense, de relations internationales, d’armement et d’économie de défense », portera également son nom en considération des qualités de ce visionnaire courageux, persévérant et, en toutes circonstances, confiant dans le génie et l’intelligence de l’homme.
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