Le groupe Aéroports de Paris a demandé au chorégraphe Mourad Merzouki, de concevoir une chorégraphie qui symbolise l’esprit des Jeux, dans les aéroports de Roissy et Orly, au moment si particulier où les athlètes vont repartir dans leurs pays respectifs. Ils seront ainsi accompagnés jusqu’à leur montée dans l’avion, dans la joie et la fête qui ont caractérisé ces Jeux de Paris 2024, afin de conserver un excellent souvenir de leur séjour à Paris. Soixante danseurs vont ainsi se produire, de 7 h 30 jusqu’à 19 heures, au cours de séances de cinq minutes, dans des tenues aux couleurs des drapeaux de toutes les délégations, pour une « dernière danse ».
Quels Jeux ! Quelle ambiance dans tous les lieux où se déroulaient les compétitions. La presse internationale est, dans l’ensemble, dithyrambique. Le très sérieux Wall Street Journal feint de s’étonner que les Français « n’aient rien à redire », alors qu’ils passent généralement leur temps à râler. Les Américains sont venus en nombre. C’est la première nationalité étrangère.
58,4 millions de Français et 97 % des 15-34 ans ont suivi les Jeux olympiques sur les antennes de France Télévisions ». Le pic d’audience a été atteint sur France 2 le vendredi 2 août avec 14,5 millions de téléspectateurs pour la 4e médaille d’or de Léon Marchand. Le chiffre d’affaires publicitaire de France Télévisions dépasse les 104 millions d’euros. Le site de L’Équipe enregistre 14 millions de visites chaque jour, soit deux fois plus que la moyenne. Aux États-Unis, les Jeux de Paris attirent l’attention de 32,4 millions de téléspectateurs sur les plateformes de NBC Universal, en augmentation de 74 % par rapport à Tokyo 2020. lefigaro.fr enregistre une progression du nombre de visites de 70 % en moyenne par rapport à la même période l’an passé. Selon un premier bilan de l’Office du tourisme de Paris, publié ce lundi 12 août, 11,2 millions de visiteurs ont pris part, avec ou sans billet, aux activités liées aux JO en région parisienne entre le 23 juillet et le 11 août.
Pendant plusieurs mois, la plupart des articles de presse consacrés aux Jeux Olympiques ont prédit la catastrophe. Il serait impossible d’assurer la sécurité pendant la cérémonie d’ouverture dans Paris, sur la Seine ; il serait impossible de se baigner dans la Seine ; les transports seraient inadaptés, trop coûteux et probablement en grève ; les prix des nuits d’hôtel dissuasifs ; il serait impossible de circuler dans la capitale ; le dispositif policier serait celui d’un pays totalitaire, les barrières disposées en accentuaient l’impression. Bref, la couverture médiatique de l’événement pronostiquait un échec assuré.
La presse, qui vit dans l’immédiateté et ne craint jamais le ridicule, s’est empressée de changer de discours après la cérémonie d’ouverture, quasi unanimement appréciée. Tout d’un coup, il n’était plus question de l’amateurisme des organisateurs, de l’irresponsabilité des responsables de la sécurité et de la folie des grandeurs du chef de l’État, de la maire de Paris et du COJO.
L’ambiance, malgré la pluie, tout le long du parcours de la cérémonie et dans les stades, dès le lendemain, a balayé les annonces des oiseaux de mauvais augure. L’heure était à la fête dont le peuple de Paris et les supporters de tous les pays, avaient le plus grand besoin. Puisque la catastrophe annoncée n’était pas survenue, il convenait, maintenant, de participer à la fête. Un peu de honte est vite passée ! Puisque la fête est réussie, dépêchons-nous d’y participer !
Florence Aubenas raconte, pour Le Monde, « les nuées d’Américains en tee-shirt « Team USA », les Mexicains portant des sombreros, les Allemands habillés en footballeur ou les Hollandais en orange, que l’on rencontre dans les rues de Paris. Depuis le début des Jeux de Paris 2024, ce sont eux, les visiteurs internationaux, qui ont peint les rues de la capitale de toutes leurs couleurs et attrapé la lumière. On ne voyait qu’eux, on n’entendait qu’eux, donnant le sentiment d’un Paris vidé de ses Parisiens et soudain peuplé de nouveaux visages. » J’ai le souvenir d’avoir eu la même impression à Barcelone, en 1992. Dans le même article, Florence Aubenas poursuit : « On nous avait dit : “Paris ? Vous verrez, ce sont des Français, ça va être le bordel” », raconte l’un des manageurs de la délégation américaine. Et, de fait, dix jours avant le début des Jeux, il avait senti la nervosité le gagner, rien ne lui paraissait clair, les retards semblaient s’enchaîner. « Je vous haïssais, reprend le manageur. Et puis, la veille, tout s’est dénoué, je n’ai jamais compris comment ça s’était passé. » En tête de classement avec la Chine pour les médailles d’or, les États-Unis s’imposent aussi en nombre de visiteurs étrangers, avec 13,7 % d’Américains au total. Loin derrière, viennent les Allemands (6,6 %), puis les Brésiliens (5,5 %). Les 93 morts dans un bombardement israélien sur une école de Gaza-ville et l’entrée des troupes ukrainiennes sur le territoire russe, dans la région de Koursk, ont été relégués au second plan.
Ceux qui n’aiment pas le sport, ne supportent pas cette « crise de folie » collective. Ils ne comprennent pas les émotions que suscitent les compétitions. Ils ne peuvent pas prendre la mesure du phénomène social que représentent les Jeux olympiques qui emportent tout sur leur passage. Rien, pendant quinze jours, ne peut gâcher le plaisir d’une très grande partie de l’humanité qui a besoin d’oublier les soucis de la vie quotidienne et d’admirer les exploits des sportifs qui s’affrontent. Ceux qui aiment le sport ne doutaient pas de la magie qui opère, le temps des Jeux.
Les Jeux de Paris 2024 sont une très grande réussite, un mauvais moment à passer pour ceux qui pensent que les valeurs du sport, la performance individuelle, l’esprit d’équipe, la compétition, le dépassement de soi, font le malheur des peuples. Le droit à la paresse, l’égalité en toutes choses, érigés en idéologie, qui serait seul capable de faire le bonheur de l’humanité, en a pris en grand coup pendant quinze jours.
Emmanuel Macron demandait une trêve olympique. Il n’en était pas question. La gauche de la gauche devait investir le Palais Bourbon, entrer immédiatement à l’Hôtel de Matignon, abolir le nouveau régime de retraite, faire payer les riches, changer la vie, sans attendre. La droite de la droite a espéré un court instant que sa critique de la cérémonie d’ouverture allait gâcher les Jeux de Macron. Manque de chance, 86 % des Français, c’est-à-dire ceux qui ne votent pas pour l’actuel chef de l’État, ont trouvé que la cérémonie d’ouverture avait été un succès et 96 % en étaient satisfaits. Il en était d’ailleurs de même à l’international, où 88 % de ceux qui ont suivi la cérémonie l’ont aimée et 76 % ont considéré qu’il s’agit de la cérémonie d’ouverture des JO la plus mémorable. Difficile, dans ces conditions d’espérer pourrir les Jeux et la vie du président de la République. Quant au défi sécuritaire dangereusement sous-estimé, insensé, il était irresponsable. D’ailleurs les équipements sportifs, les moyens de transport, ne seraient pas prêts dans les délais. Les détracteurs ont eu tout faux. Ces Jeux olympiques de Paris 2024 ont connu un succès éclatant, universellement reconnu, sauf à Moscou…
Les athlètes français ont battu le record de médailles. En trois ans, sous l’impulsion de Claude Onesta, chargé de la haute performance, la France est passée de 33 médailles, aux Jeux de Tokyo en 2020, à 64 médailles, cette année, avec les mêmes athlètes à quelques exceptions près. Léon Marchand, Teddy Riner, Antoine Dupont, Félix Lebrun, les héros, ont fait chavirer le cœur des Français et des Françaises. L’image de la France dans le monde en sort redorée. Le pays a montré qu’il sait se rassembler dans les grands moments de son histoire. Le sport, ce n’est pas la première fois, lui en offre l’occasion. Il a su s’en saisir. Allons, ne désespérons pas de notre pays. Il a des ressources inépuisables.
Cette parenthèse enchantée a pris fin. La trêve va se terminer. Le projet du président de la République, il y a 6 ans, de faire de Paris2024 un événement de portée mondiale, est un incontestable succès ; un succès collectif qui revient à l’État, à ses représentants, aux personnels qui ont assuré la sécurité, à la détermination de la maire de Paris, à celle de la présidente de la Région, aux élus de la Seine-Saint-Denis, au COJO et, bien entendu, aux athlètes. Les tentatives de toutes sortes, pour que ce projet échoue, ont été sans effet. La campagne de manipulation numérique de l’information, qui visait à porter atteinte à la réputation de la France dans sa capacité à organiser les Jeux, a fait flop. Les tentatives de déstabilisation émanant, le plus souvent, de dispositifs pro-russes, ou de l’extrême droite internationale, ont été déjouées. Paris2024 est une réussite qui restera durablement dans les mémoires. Les dirigeants du Rassemblement national, qui n’avaient pas de mots assez durs pour ces Jeux olympiques, qui prédisaient qu’ils seraient « une humiliation nationale », « un désastre sécuritaire », ont rapidement changé de discours et montré plus de sens politique que la droite la plus réactionnaire. Ils ont vite compris qu’il était inutile de dénigrer un événement qui satisfait leurs électeurs. Les champions français étaient trop forts, trop populaires, pour eux. Rien ne pouvait freiner la passion des spectateurs dans tous les stades et la ferveur populaire qui ont fait de ces Jeux, des Olympiades inoubliables.
Hier soir, à 23 h 10, au Stade de France, à l’issue d’une longue cérémonie, le président du Comité international olympique, Thomas Bach, a, avec tristesse, déclaré que les Jeux étaient clos. Tony Estanguet, le président du Comité d’organisation de Paris 2024, avant lui, visiblement heureux d’avoir accompli la mission qui lui avait été confiée, s’était déclaré satisfait que « Du jour au lendemain, Paris est redevenu une fête, et la France s’est retrouvée. »
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