Jean Rochefort, décédé le 9 octobre, était très attaché au pays de Dinan (Côtes-d’Armor), dont sa famille était originaire. Il avait confié au journal Ouest-France, dans son édition du 4 octobre 2015, quelques souvenirs qu’il gardait précieusement. « Ici, je vis mieux, je respire mieux, je me sens plus solide, » disait-il avec une certaine émotion. « Mon père était « un pur Dinannais, fils de cocher. Ses parents signaient d’une croix, mais ils avaient mis leur fils à l’école des Cordeliers où il avait fini premier au certificat d’études. Il a été embauché à Paris à 16 ans comme garçon de bureau à la Banque de France. Il a eu une réussite d’autodidacte absolument foudroyante dans le pétrole, à la Shell, comme on disait alors. Vingt ans plus tard, notre chauffeur, Jules, venait nous chercher en voiture à la sortie du lycée de Rouen ! »
Sa mère, Bretonne aussi, racontait-il, avait accouché de Jean aux Buttes Chaumont, à Paris « parce que ma grand-mère Marie avait persuadé ma mère de faire le tour des églises parisiennes à pied » afin d’accélérer la naissance qui tardait à se déclencher.
La famille, après la guerre, passait l’été dans la région. « Dinan évoque pour moi une espèce de cocon protecteur », confiait Jean Rochefort au journal Ouest-France. « Les odeurs de colle dans l’atelier de son grand-oncle cordonnier qui exerçait au 13-14, rue Haute-Voie, la rudesse du grand-père qui interdit ses écuries aux enfants, les colombages, les moustiques de la Rance « qui nous avaient filés, à mon frère et à moi une furonculose abominable, à la suite d’une baignade près du vieux pont ».
Les parents de Jean Rochefort avaient une résidence secondaire à Saint-Lunaire (Ille-et-Vilaine), pas très loin de Dinan, où le comédien situait son désir de devenir acteur à « 14 ou 15 ans », et de prendre des cours de théâtre à Nantes, d’abord, puis à Paris, aux cours de la Rue-Blanche.
Jean Rochefort, rattrapé par « ce besoin de racines », avait raconté au journal Ouest-France, qu’au début des années 2000, il avait acheté une maison à Saint-Briac, pour revenir souvent dans la région. Il confiait qu’il aimait se promener à « à la pointe du Décollé, à Saint-Lunaire, avec cette vue époustouflante sur l’horizon ».
Auteur de « La vie à Dinan sous l’Occupation », je connais bien cette région dans laquelle j’ai passé le début des années quarante, ces années noires qui ne peuvent s’oublier. J’ai, de ce fait, toujours été attentif au récit que Jean Rochefort faisait de ses souvenirs dans cette magnifique cité médiévale couronnée de remparts, de verdure et de clochers.
Laisser un commentaire