Fiers et heureux d’être Français


Publié

dans

par

Il y a quelques semaines, j’écrivais que ce qui différenciait le moment qu’avaient constitué l’Exposition universelle et les Jeux olympiques de 1900 et les Jeux de Paris 2024, c’était la fierté d’être Français. Dans les deux cas, des chantiers interminables avaient terriblement compliqué la vie quotidienne des Parisiens qui n’en pouvaient plus. Les rabat-joie, les pessimistes prédisaient la catastrophe, la honte. Il faut dire qu’en 1900, construire les gares de Lyon et d’Orsay, le Grand Palais, le Petit Palais, la première ligne Vincennes-Maillot du métropolitain, n’était pas une mince affaire. Au printemps 2024, à la veille des Jeux, l’exaspération était à son comble. Passer d’une rive de la Seine à l’autre était devenu un cauchemar. La fermeture de la place de la Concorde, du pont Alexandre III et les réductions de circulation devant les Invalides et autour du Trocadéro et du Champ de Mars, était insupportable. Les carrefours étaient devenus infranchissables, les autobus ne passaient plus, les chauffeurs de taxi ou de VTC enrageaient, les livreurs et les artisans se décourageaient, les automobilistes perdaient leurs nerfs.

En 1900, la France était, avec le Royaume uni, la plus grande puissance du monde. Les Français étaient fiers. Fiers d’être Français. Les désagréments, après l’Exposition universelle et les Jeux olympiques, furent vite oubliés. Aujourd’hui, en 2024, avais-je écrit, la France n’est plus qu’une puissance moyenne, dans un monde en plein chambardement. Les Français sont au bord de la dépression. Ils ne croient plus en l’avenir. Les désagréments, au quotidien, sont beaucoup moins supportables.

Eh bien, je me trompais. Durant cette quinzaine, les Français, de Tahiti à Marseille, de Paris à Lille, Lyon, Bordeaux, ont exprimé leur fierté, leur joie de participer à un moment de ferveur partagée.

Le Figaro publie les éloges exprimés dans la presse internationale, sur le spectacle et l’image que la France a offerte des Jeux olympiques de 2024 à Paris et d’elle-même pendant ces quinze jours. Rien qu’à cet égard, c’est un événement rarissime, comparable à celui de 1900.

Le Guardian : « Ces Jeux ont été les plus beaux et les plus sereins de tous ». El País « les Jeux de lumière après le silence froid et pandémique de Tokyo, réconciliation avec la passion du sport, la fête d’une ville aux pavillons et stades pleins, de Saint-Denis à Roland Garros, de La Défense au Bourget en passant par la place de la Concorde, les gens heureux et civilisés ». Le Temps : « Pendant quinze jours, Paris était une fête » : « Le pari était osé, le projet trop ambitieux, disait-on. Les critiques peuvent se taire. Les organisateurs ont réussi leur coup. Ces JO étaient magnifiques. Paris était magique ». Die Zeit  : «Même les qualifications les plus insignifiantes dans des sports étranges tôt le matin et dans des destinations lointaines affichaient presque complet ». Le New York Times  : «Les Jeux olympiques de Paris se sont terminés comme ils avaient commencé, avec un spectacle endiablé devant une foule en liesse, des lumières stroboscopiques, de la fumée et des feux d’artifice » (…) «Le célèbre cynisme français a laissé place à un optimisme inhabituel ». Le Los Angeles Times (LA est le prochain pays hôte) : « Aucune autre ville au monde ne peut faire ce que Paris a fait au cours des trois dernières semaines, en présentant le drame de la compétition olympique sur fond d’une Tour Eiffel scintillante et des magnifiques jardins de Versailles. Les Jeux olympiques de 2024, avec leurs attributs classiques et leur beauté visuelle infinie, ont posé une question importante : comment Los Angeles peut-elle surpasser cela ? ». En Russie, pas un mot ! Même pas une énième menace nucléaire de vitrifier Paris !

17 millions de téléspectateurs en moyenne ont regardé sur France 2, la cérémonie de clôture des JO de Paris 2024. C’était moins que pour la cérémonie d’ouverture, qui avait été vue par plus de 23 millions de téléspectateurs.

Ces Jeux olympiques auront eu le mérite de modifier l’image des Français. C’était inattendu. Considéré comme le pays le plus pessimiste du monde et le plus râleur, il est apparu joyeux, accueillant et fier de Paris, fier de montrer que la France a été capable d’organiser un événement de cette importance en toute sécurité ; un événement comparable à ce qu’avait été en son temps l’Exposition universelle de 1900. Pour combien de temps, s’interroge le journal L’Opinion ? Ne serait-ce qu’une illusion ? Les succès obtenus par les Bleus sont certainement pour beaucoup dans l’enthousiasme constaté, notamment dans les 43 fan zones d’Île-de-France. Jeudi, 2,4 millions de personnes s’étaient rendues dans ces sites et particulièrement au Club France à la Villette. Les dirigeants politiques, dans les prochains jours, vont-ils être à la hauteur ? Emmanuel Macron, dans un entretien au journal L’Équipe de ce jour, les place devant leurs responsabilités : « Le message qu’ont envoyé les Français est très cohérent avec les Jeux : travaillez ensemble. C’est ce qu’ils ont dit aux forces politiques » lors des élections législatives anticipées, les 30 juin et 7 juillet !

Le Figaro de ce jour cite Pierre de Coubertin : « Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre ». Je l’emprunte pour conclure cet article.


Publié

dans

par

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.