En Iran, la tension est encore montée d’un cran ce matin.


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L’Iran a besoin de temps pour mettre en œuvre ses ambitions nucléaires. Depuis 2005, les dirigeants iraniens excellent dans l’art de gagner du temps. Tantôt ils proposent de reprendre les négociations avec le groupe 5 + 1 (Etats-Unis, France, Chine, Russie, Grande-Bretagne et Allemagne) et acceptent que l’Agence internationale pour l’énergie atomique visite ses installations ; tantôt, Téhéran  annonce une accélération de l’enrichissement de l’uranium et la mise en alerte de la marine iranienne ; sans parler des manœuvres terrestres destinées à prévenir Israël que l’Iran n’hésitera pas à prendre des initiatives si ses intérêts vitaux venaient à être menacés. C’est-à-dire, en clair, intervenir préventivement contre Israël.

Nul ne sait si les forces militaires iraniennes, essentiellement défensives, seraient capables d’une action significative. Les experts occidentaux ont des doutes sérieux sur les capacités iraniennes face aux forces israéliennes et, le cas échéant, américaines, si, d’aventure, les Iraniens décidaient de fermer le détroit d’Ormuz.  De leur coté, les Israéliens ne font rien pour calmer les rumeurs. Ils entretiennent le mystère sur leurs intentions. Une chose est sûre, ils considèrent que le nucléaire militaire iranien constituerait une menace intolérable pour leur pays et n’exclut pas de faire en sorte que l’Iran ne possède pas la bombe.

Le détroit d'Ormuz

Les émissaires américains, de haut rang, se succèdent à Tel Aviv pour raisonner les dirigeants israéliens. Deux jours après leur arrivée en Iran, les experts de l’AIEA, en mission qualifiée de « la dernière chance », sont repartis sans pouvoir accéder au site militaire de Parchin. De trop nombreuses zones d’ombre perdurent. Quand, dans le passé, les Israéliens ont considéré que leurs intérêts étaient menacés, ils sont toujours intervenus par surprise, dans le plus grand secret. Ce n’est pas la conjoncture actuelle, caractérisée seulement, si l’on peut dire, par une gesticulation politique et militaire. Il n’en reste pas moins que la tension est montée d’un cran ce matin.

Les Israéliens savent que le temps joue contre eux et que la gestion du risque sera de plus en plus délicate. Américains et Européens craignent les graves conséquences que pourraient avoir un conflit de haute intensité dans cette région. Ils recommandent donc la patience ; d’autant plus que les sanctions prises commencent à produire leurs effets. Malheureusement des considérations électorales aux Etats-Unis viennent compliquer l’analyse politique. Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, très proche des républicains, pourrait être tenté de forcer la main au président Obama qui ne voudrait pas apparaître comme un président faible. Le printemps, voire l’été, pourrait dans ce cas constituer une période à haut risque. En période de crise économique mondiale, une action israélienne, même courte, rapide, pourrait avoir des conséquences d’une extrême gravité que redoute le ministre des affaires étrangères français, Alain Juppé. La détérioration de la situation en Syrie, pays allié de l’Iran, complique également la situation, sans parler de la population iranienne qui n’en peut plus en raison de la détérioration à vive allure de l’économie iranienne.

Enfin, le souvenir des armes de destruction massive irakienne, qui n’existaient pas, est dans les mémoires. La gestion de telles situations réclame plus de réflexion que de précipitation et un minimum de rationalité. Il faut avoir à l’esprit que la Chine et l’Inde vont, à brève échéance, importer plus du quart de la production pétrolière de l’Iran, faisant de cette matière première un « intérêt vital » pour ces deux grands pays qui ne resteront pas les bras croisés. La question iranienne concerne aujourd’hui toutes les grandes puissances. Une guerre, déclenchée imprudemment, pourrait devenir une guerre mondiale.


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