L’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA), pas plus que les services de renseignement occidentaux, ne sont en mesure d’affirmer que l’Iran cherche à se doter d’un potentiel nucléaire militaire. C’est possible, c’est même probable, mais aucune preuve n’existe. On sait seulement que l’Iran est passé de 3% d’enrichissement à 20%.
Après de très nombreuses mises en garde, Etats- Unis et Européens sont décidés à mettre en œuvre des sanctions contre le régime de Téhéran. Ces sanctions consistent à pénaliser les entreprises étrangères qui commercent avec l’Iran et notamment celles qui achètent du pétrole et du gaz iranien. Elles seraient lourdes de conséquences pour les finances du régime iranien. Ces sanctions s’apparentent à un embargo qui serait ressenti par les Iraniens comme une déclaration de guerre.
Au Congrès américain, les républicains, en campagne électorale, exercent une pression intense sur le président Obama et testent sa détermination. Si au mois de juin, à quatre mois de l’élection présidentielle américaine de novembre, les sanctions n’ont pas été suffisamment dissuasives, le président Obama ne pourra pas faire autrement que d’ordonner des frappes contre certaines installations nucléaires iraniennes. Rien ne dit, et certainement pas les interventions identiques dans le passé, que ces frappes suffiront à décourager les Iraniens.
Le gouvernement de Netanyahou aussi, exerce une pression constante sur le président Obama. Il menace périodiquement d’intervenir préventivement, comme les Israéliens l’ont déjà fait dans le passé en Syrie et en Irak. Si certaines installations, profondément enterrées sous la roche, sont invulnérables, le risque est grand de déclencher un grave conflit, aux conséquences imprévisibles, sans pour autant résoudre le problème.
Le régime iranien connaît de sérieuses difficultés sur le plan économique et politique. Plus de cinquante pour cent des devises étrangères de l’Iran et de ses ressources budgétaires, proviennent du pétrole. Cette rente est vitale pour le régime. Les attaques contre les systèmes de contrôle des centrifugeuses iraniennes pour l’enrichissement de l’uranium, les explosions qui ont détruit un site iranien de développement de missiles, les assassinats de scientifiques iraniens, pour suspectes qu’ils sont, sont suffisants pour justifier la préparation d’une riposte au point stratégique de la région : le détroit d’Ormuz. Un tiers du pétrole dans le monde passe dans ce détroit qui relie le Golfe à l’océan indien. La menace de fermer le détroit, les manœuvres iraniennes récentes, alimentent l’escalade à laquelle les Etats-Unis répondent en envoyant la Vème flotte chargée de protéger les tankers chargés de pétrole, mais aussi l’Arabie Saoudite et le Qatar très inquiets. Le porte-avions américain USS Abraham Lincoln qui peut accueillir 80 avions et hélicoptères, est sur zone. Ce bâtiment est escorté du croiseur lance-missiles USS Cape Saint George et de deux destroyers. Il s’ajoute aux porte-avions, USS Carl Vinson, et USS John C. Stennis, à quatre croiseurs et destroyers antimissiles Aegis, ainsi qu’à un certain nombre de sous-marins, frégates et autres navires de soutien, dont la frégate française « La Motte-Picquet ». C’est un dispositif considérable destiné à impressionner Téhéran.
Moscou, dans le même temps, se prépare officiellement à un conflit qui pourrait survenir entre les Occidentaux et l’Iran. D’importantes manœuvres militaires dans le Caucase sont destinées à montrer que les Russes ne se désintéressent pas de ce qui pourrait se passer dans le détroit d’Ormuz. La pression de la Chine et de l’Inde, très dépendantes de l’Iran pour leur approvisionnement en pétrole, est réelle sur ce pays, mais aussi sur les Etats-Unis. Elle devra être observée avec attention. Ces grands pays seraient particulièrement touchés par une hausse brutale du baril de brut et par la fermeture du détroit. Les mois qui viennent seront décisifs. Ils pourraient avoir aussi une incidence sur la campagne présidentielle en France.
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