« Je n’écrirais pas ce livre (Cette France qu’on oublie d’aimer) si je ne croyais pas profondément à la vitalité de la France, à son avenir, à la capacité des Français de dire « assez ! » Ce cri d’espoir d’un écrivain russe, né en Sibérie en 1957 et qui vit en France depuis 1987, figure au dos du dernier livre d’Andreï Makine qui a été achevé d’imprimer en février 2006, c’est-à-dire écrit plusieurs mois avant le triste spectacle auquel nous assistons ces derniers jours. La France serait donc « l’homme malade de l’Europe », pour utiliser l’expression réservée jadis à l’Empire Ottoman. Ce n’est pas une crise économique, la plupart de nos voisins envient notre richesse nationale et le dynamisme de nos entreprises ; c’est une crise morale que les élites n’ont pas anticipé, expliqué, évité. Il faut que ce soit un jeune écrivain russe, à qui nous devions déjà « le Testament français », prix Goncourt 1995, qui rappelle que « l’esprit français » ne réside pas « dans les paillettes « francoformes » de la mode et des simagrées mondaines, mais dans les sommets intellectuels de la civilisation française ». Il n’hésite pas à écrire que « Dix millions de spectateurs collés à leur écran par un loft story est un déshonneur pour le pays de Voltaire. »
Ces propos sont sévères et n’épargne personne à gauche comme à droite quand il dénonce « le mariage contre nature entre la flibuste économique au sommet et l’immobilisme corporatiste et bureaucratique à la base. » Le constat qu’il fait au fil des pages est consternant. Il est cependant optimiste sur la capacité des Français de dire « assez ».
Souhaitons le, mais en attendant, ce ne sont pas les événements ( débat sur le projet de loi sur l’immigration, une affaire Clearstream pas très clair) et les échanges entre Sarkozy, de Villiers, le Pen et Hollande sur « l’amour de la France » qui contribueront à guérir les maux de la Société française.
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