Chaque année, au printemps, nous passons, Dany et moi, quelques jours à Cahors. Nous retrouvons toujours, avec beaucoup d’émotion, nos lieux de mémoire, nos amis, nos souvenirs de jeunesse. Cahors a bien changé. Certes, les principaux monuments sont entretenus, mis en valeur, c’est bien le moins compte tenu de l’attrait touristique de la ville. Le boulevard Gambetta, l’artère principale, n’a plus le charme qu’il avait. Les banques, les assureurs, les mutuelles, ont, au fil des années, remplacé les commerces traditionnels. Les platanes, qui bordent le boulevard, sont malades. La minéralisation à outrance de la voirie les asphyxie. Il en est de même de la place Champollion qui vient d’être refaite et où la verdure se limite à deux mètres carrés. Le buste de Clément Marot, dans sa niche, observe attristé cette réfection. Sous le soleil, parfois violent dans cette région, l’excès de minéralisation des sols est une erreur. Autant elle est justifiée dans les petites rues étroites de la vieille ville, jadis insalubres, autant elle est excessive dans les grands espaces baignés de soleil. Question de point de vue sans doute, je donne le mien !
Dans le domaine de la culture, si négligé jadis, faute de moyens et, sans doute, d’imagination et d’initiatives, les efforts sont louables. Les touristes, de plus en plus nombreux, trouvent dans les librairies de la ville, de quoi satisfaire leur curiosité. L’histoire de la ville, du Quercy, et tout ce qui fait de ce département une terre des merveilles, sont offerts sous toutes les formes d’édition. Les expositions, concerts et autres manifestations culturelles, sont nombreux et variés. Le marché, les mercredis et samedis, devant la cathédrale, est un lieu de rencontre inévitable. Coloré, surtout à cette saison, animé, le marché remplit sa fonction avec bonheur et contribue pleinement au rayonnement de cette petite préfecture.
La revue « Dire LOT » (141, chemin du Paradis – 46000- contact@dire-territoires.fr – 09 67 00 73 40 – 6 numéros par an) vient de publier un Hors série 2015 ( 5,50€ – ISSN 0988-9795), consacré à l’histoire de « 60 générations de vignerons » avec une sélection 2015 des meilleurs vins de Cahors. Rédigé avec beaucoup de talent, ce hors série explique à ses lecteurs ce que sont les « Causses du Lot, ces terres de convictions et de bon sens », ce qu’est le cépage Malbec, un cépage propre à ce terroir. L’histoire du vin de Cahors et du Quercy, des origines à la crise du phylloxéra, y est expliquée avec précision. C’est un numéro à conserver précieusement par ceux qui aiment cette région et par ceux qui aspirent à la découvrir. Les bonnes adresses et les coups de cœur sont également à ranger soigneusement.
Dans un certain nombre de restaurants et magasins de la ville, nous avons été heureux de retrouver, sur les murs, des photos prises par mon beau-père, Léon Bouzerand, dans les années cinquante. Non seulement elles décorent élégamment ces commerces, mais en plus elles témoignent de ce qu’était la vie quotidienne dans cette jolie ville.
J’ai déjà consacré plusieurs articles à l’œuvre photographique de Léon Bouzerand. Je la rappelle brièvement pour les besoins de ce « Cahors d’hier et d’aujourd’hui ».
Comme Doisneau – ils avaient le même âge – Léon Bouzerand a photographié les rues de Cahors, sa ville, où il a passé toute sa vie en dehors de son séjour à la célèbre école de photographie de la rue de Vaugirard, qui a formé tant de grands photographes.
Muni de son Rolleiflex, Toto, comme tout le monde l’appelait affectueusement, a, pendant près de quarante ans, saisi des scènes de la vie quotidienne. Ces clichés, si on laisse aller son imagination, restituent, avec beaucoup de poésie et de tendresse, l’histoire de cette ville attachante. Les boutiques ont changé, les immeubles, les métiers aussi ; son œuvre, des milliers de photos, constitue la mémoire de cette ville au siècle dernier.
Les quelques photos ci-dessous, qui datent des années cinquante et soixante témoignent de la sensibilité avec laquelle Léon Bouzerand a immortalisé ces petites scènes de la vie quotidienne qui faisaient le bonheur de vivre à Cahors. C’est dans la rue, au marché, à la terrasse des cafés que Léon Bouzerand saisissait des instants, des attitudes, qui, si on les observe attentivement, racontent des histoires. Ces photos expriment un art de vivre aujourd’hui disparu. La vie avait alors un rythme que le Rolleiflex de Léon Bouzerand restitue admirablement et fidèlement. Il y avait chez ce grand photographe, une tendresse, un humour et souvent une taquinerie qui faisaient de mon beau-père, un des hommes les plus aimés de la capitale du Quercy.
L’association « Vitesse limitée », 199 rue du Docteur Ségala à Cahors 46000, animée par Jean-Louis Marre et Jean-Louis Nespoulous, a édité plusieurs ouvrages thématiques dans lesquels sont réunies et commentées un certain nombre de photos prises par Léon Bouzerand. Son fils, Jacques, décédé le 25 décembre dernier, avait préfacé ces ouvrages et confié à cette occasion des souvenirs personnels émouvants.
Le lecteur pourra consulter le site de « Vitesse limitée » :
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