La guerre, c’est maintenant !


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La remise en liberté immédiate de Florence Cassez, décidée par la première chambre de la Cour suprême du Mexique, est une bonne nouvelle – pour l’intéressée d’abord, et surtout -, mais aussi pour le gouvernement français qui avait besoin, d’évacuer au plus vite un certain nombre d’événements récents qui sont autant de sujets de polémiques : le manque de contenu du cinquantenaire du traité de l’Elysée, la solitude de la France au Mali, le niveau record du chômage en France, sans parler du coup de poignard dans le dos de l’Europe de David Cameron. Il était urgent de changer de sujet. Le coup de projecteur sur la libération de Florence Cassez était une bénédiction. Mobilisation générale des médias, tapis rouge à Roissy, réception à l’Elysée, Aucune chaîne de télévision, aucune matinale des chaînes de radio n’aurait voulu manquer à la mise en scène – assez surréaliste – du retour en France d’une de nos ressortissantes condamnée à soixante ans de prison pour enlèvements et emprisonnée depuis plus de sept ans à la suite d’une violation délibérée des droits fondamentaux.

Autant il est normal et justifié que Laurent Fabius loue « une très grande démocratie » et félicite les  juges mexicains : « des juges très courageux qui ont prouvé leur indépendance » ; autant nous sommes en droit de nous interroger sur la mise en scène de son retour qui avait apparemment pour but de répondre à la mise en scène de son arrestation. L’émouvant moment de bonheur passé, il me parait important d’expliquer, de prouver et de s’employer à convaincre l’opinion publique mexicaine que l’erreur judiciaire est avérée et que l’innocence de la jeune femme ne peut être contestée. La réconciliation avec ce grand pays est à ce prix. Le tapis rouge et l’abondance de commentaires ne suffiront pas.

Sur la Mali, il faut être conscient que la France s’est engagée, seule dans un premier temps, dans  une opération de grande envergure, difficile, risquée contre des groupes armés, aux motivations très différentes, mais qui, pour certains, relèvent plus de la criminalité que du terrorisme et dont le fondement religieux n’est souvent qu’un prétexte : Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), Ansar Eddine et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Les difficultés ne vont pas tarder à commencer si la MISMA – la Mission des Forces africaines – tarde à s’organiser pour assurer, elle même, la reconquête du nord du Mali. Est-ce à l’armée française d’assurer cette reconquête ? Surtout pas. L’ancien ministre, Alain Juppé, n’a pas tort quand il dit que  » nous n’avons certainement pas les moyens de nous déployer sur un territoire vaste comme deux ou trois fois la France «  et que  » nous sommes confrontés à des risques extrêmement élevés « . A ce sujet, il faut observer la prudence et la maîtrise des anciens premiers ministres (notamment François Fillon et Jean-Pierre Raffarin) et anciens ministres de la Défense, (Michèle Alliot-Marie, Gérard Longuet, Hervé Morin), qui savent de quoi ils parlent, par opposition aux déclarations de ceux, « irresponsables », qui n’ont d’autres préoccupations que de faire parler d’eux. M. Fillon se comporte en homme d’Etat quand il demande à la plupart des dirigeants de l’UMP, y compris à ses plus proches, de  » faire preuve de retenue «  et à  » laisser de côté les joutes politiques « .  » Il ne faut pas céder au scepticisme ou à la critique « , car  » la sécurité de la France et la vie de nos soldats priment sur tout le reste « . Et Jean-Pierre Raffarin d’ajouter :  » Nous sommes en guerre, je suis derrière les autorités de mon pays ».

Au Mali, la France ne soutient pas, comme souvent dans le passé, une partie de la population contre une autre, une faction contre une autre ; elle intervient pour empêcher une atteinte à l’intégrité territoriale fomentée par des groupes armés d’origine essentiellement étrangère. Il se trouve, au surplus, que ces groupes armés déclarent la guerre à la France et ne cachent pas leur intention d’organiser des attentats sur notre territoire ou/et contre nos ressortissants. Il s’agit donc pour la France d’une menace contre sa sécurité et donc d’une affaire de défense nationale.

Au demeurant, si la décision du chef de l’Etat d’engager nos forces militaires a pu paraître précipitée, la France a très vite obtenu le soutien de l’Union africaine, malgré l’agacement que la guerre de Libye avait provoqué, l’appui logistique d’un certain nombre de pays dont les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, l’approbation diplomatique de l’Union européenne, de la Russie, de la Chine et de l’Algérie qui a ouvert son espace aérien aux avions français. C’est donc bien, pour l’instant, un succès diplomatique, obtenu avec une méthode nouvelle et différente, qu’il convient de saluer.

Cela étant, s’il est prudent de dire que le plus difficile est à venir, c’est en raison des incertitudes qui planent sur l’évolution de cette action de reconquête. Les forces ouest-africaines vont-elles être capables d’accomplir la mission qui leur est assignée ? Dans peu de temps, les conditions climatiques vont être redoutables. Les dirigeants politiques maliens vont-ils être capables de surmonter leurs divisions pour reconstituer un Etat, sinon une nation, résoudre les conflits ethniques, notamment avec les Touaregs, et la coexistence religieuse avec la poussée islamiste dans la région qui subsistera ? Que de questions aujourd’hui sans réponse ?

 

 

 


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